Schuttrange : fini le bourdonnement des biplaces !

Face à la gronde d’habitants excédés par une intensification des vols d’avions de tourisme, l’administration de la Navigation aérienne a accepté de revoir le tracé.

Le mystère est résolu ! L’été dernier, nous avions relaté l’agacement d’un habitant de Schuttrange, qui se plaignait d’une intensification des vols privés au-dessus de cette localité de 4 500 âmes située non loin du Findel.
Maurice Bellomo, qui ne remettait pas en question le passage des vols commerciaux (Schuttrange, à l’instar de sept autres communes, se situe dans un couloir aérien et est affectée par les nuisances sonores), dénonçait cependant une augmentation notable du survol de sa commune par de petits avions, de type biplaces. «Il y en a un toutes les cinq minutes. Ces avions font un bruit de mobylette, mais en plus intense», nous confiait-il alors. «C’est inquiétant de les voir voler si bas, et c’est indiscret (…). Sans parler de la pollution.»
Un constat qui n’a pas été partagé par les différentes administrations. «L’aéroclub Aéro-Sport, la direction de l’Aviation civile, l’administration de la Navigation aérienne et le ministère des Transports n’ont cessé de nous répéter que « rien n’avait changé »», peste Maurice Bellomo, qui a toujours refusé de baisser les bras. Et sa ténacité a fini par payer.

Tracé modifié en mai 2019

Aidé de l’ASBL de défense des habitants de Sandweiler (qui s’occupe aussi de ceux de Schrassig et Schuttrange), Maurice Bellomo a «pu établir que le tracé circuit Sud avait été modifié le 29 mai 2019, en supprimant un angle appelé Schrassiger Knick, ce qui explique le passage intempestif d’avions de tourisme à basse altitude pour atterrissage et décollage sur le circuit Sud. Or cet angle épargnait historiquement tout un quartier de Schuttrange, où je réside ainsi qu’une centaine d’habitants», indique Maurice Bellomo, qui s’interroge : «Je ne comprends pas pourquoi le tracé a été modifié alors que l’ancien tracé n’ennuyait aucun riverain. C’est vraiment obscur.»

Du côté de l’administration de la Navigation aérienne (ANA), ce changement s’explique par «un souci d’efficacité des procédures de départ, afin d’améliorer le trafic».
Un changement qui avait été approuvé par l’ASBL de Sandweiler – les associations de défense des riverains sont toujours concertées dans ce type de décision. «Le problème, c’est que les habitants de Schuttrange n’avaient en fait pas officiellement fait part de leur opposition à ce projet auprès de l’ASBL, projet qui en outre n’était censé être qu’une phase test de trois mois», reconnaît Maurice Bellomo.
S’ensuit alors de multiples courriers envoyés aux différentes administrations ainsi qu’une pétition rassemblant 87 signatures de riverains.

Face au tollé, le nouveau directeur de l’administration de la Navigation aérienne (ANA), Claudio Clori, a décidé de rétablir l’ancien tracé. «Il faut seulement attendre sa publication dans l’AIP (NDLR : la publication d’information aéronautique), ce qui devrait être fait au printemps. Ce sont les délais habituels», a confirmé l’ANA.
«Nous avons eu de nombreux soutiens et l’écoute de l’ANA, s’est réjoui Maurice Bellomo. Par contre, le ministère de l’Environnement, pourtant rédacteur d’un rapport sur le sujet, n’a jamais répondu aux courriers.» Intitulé «Plan d’action contre le bruit de l’aéroport du Luxembourg», ce document paru en janvier 2018 dresse effectivement «la stratégie nationale de prévention et d’assainissement des nuisances sonores par rapport aux différentes sources de bruit». Afin de «défendre et surveiller les intérêts des riverains de Schuttrange et éviter de nouvelles évolutions causant des nuisances», Maurice Bellomo a annoncé qu’une ASBL serait constituée durant ce semestre.

Tatiana Salvan