Comme à son habitude, le parti le plus à droite de l’échiquier politique a joué la carte de la provocation, jeudi soir, à l’occasion de son pot de nouvel an, notamment en minimisant l’affaire Mischel.
Au centre des attentions jeudi soir au centre sociétaire de Luxembourg-Cents, l’ancienne vice-présidente du parti Sylvie Mischel (par ailleurs compagne du député Fernand Kartheiser) a pu compter sur le soutien indéfectible et rendu public du président de l’ADR, Jean Schoos. Elle avait été réélue à la tête de la section des femmes de l’ADR après l’avoir abandonnée il y a un mois dans la tempête qu’avait déclenchée un post sur son profil Facebook. En effet, Sylvie Mischel avait utilisé une photo de Jean Asselborn (LSAP) entouré de nouveaux réfugiés pour la présenter comme la prochaine affiche électorale du Parti socialiste. Le ministre des Affaires étrangères et de l’Immigration et une grande partie de la classe politique derrière lui avaient durement critiqué cette sortie aux accents populistes d’extrême droite.
Affaire classée pour l’ADR
L’affaire Mischel est désormais classée par l’ADR, à en croire les propos de son président, qui s’est exprimé jeudi à ce sujet devant un parterre composé d’une petite centaine de membres de la base partisane du Parti réformiste d’alternative démocratique : «L’un ou l’autre membre, présents ce soir parmi nous, a probablement montré de l’intérêt à suivre ces derniers jours les discussions (polémiques) étalées dans la presse. Or je pense que le grand public en a assez parlé, qu’il n’en connaissait pas tous les détails et qu’il en a fait une fausse interprétation. Car le fait est que les problèmes de communication externe doivent être discutés en interne (à savoir au sein du parti). C’est ce qui s’est passé et nous étions tous unanimes pour affirmer que le parti, de même que sa ligne directrice, passent avant tout. Et suite à ce consensus, nous, en tant qu’adultes, nous nous sommes serré la main. Un point c’est tout! Nous n’avons pas besoin d’en dire plus dans ce contexte.» Dont acte.
Une fois ce dossier sensible évoqué et balayé d’un revers de la main, le président de l’ADR est passé à d’autres réjouissances. Tout d’abord en louant la montée de son parti que prouvent selon lui la hausse du nombre de ses membres et une adhésion accrue à ses idéaux, «car les sondages vont dans cette direction». Jean Schoos se réjouit en outre que «d’un point de vue financier, le parti peut aisément se préparer aux prochains scrutins national, communal et européen à venir».
Autosatisfecit exprimé, immigration décriée
Le président de l’ADR, s’est ensuite attaqué à l’immuable fonds de commerce du parti, l’immigration, notamment en évoquant le camouflet essuyé par le gouvernement avec le référendum de 2015 en matière de droit de vote des étrangers aux législatives. Puis en estimant que le nombre d’inscriptions des étrangers sur les listes aux élections communales «a prouvé que l’intérêt politique de cette ouverture n’est pas si grand que l’on voulait bien croire». Et enfin en lançant que le délai de cinq ans pour acquérir la nationalité luxembourgeoise dans le cadre de la procédure d’obtention d’une double nationalité est dérisoire.
La question des migrants économiques a bien entendu occupé une place prépondérante dans le discours du président Schoos. «L’ADR prône la tenue d’une « bonne » diplomatie, qui ne s’apparente en l’occurrence pas à celle de « Jang » (Jean Asselborn), mais qui vise à éviter les mouvements migratoires, avec des moyens adéquats, dans le cadre d’une politique de coopération ciblée», s’est-il exclamé. Avant, pour lui, d’enfoncer le clou : «Les bénéficiaires ou les demandeurs de protection internationale, et sur ce point l’ADR tient une ligne claire suivant la conformité du droit international, doivent le plus rapidement possible, quand les conditions l’autorisent, retourner dans leurs pays d’origine. Le statut de protection internationale, et ce fut déjà le cas lors des Première et Deuxième Guerres mondiales, ne doit pas être confondu avec une migration permanente.»
En seconde partie de discours, le patron de l’ADR ne s’est pas fait prier pour égratigner le gouvernement en ridiculisant sa politique dans les domaines du logement et de la famille, avant de s’en prendre au parti de la coalition déi gréng au sujet de la mobilité et de l’environnement, tout en liant ces deux derniers points à la future réforme fiscale que l’ADR explique ne pas voir venir ainsi qu’aux nouvelles mesures liées à l’énergie (taxe carbone et hausse des accises sur les carburants).
Claude Damiani
Le Grand-Duc plus important que l’ADR…
Parmi les nombreuses subtilités lancées jeudi soir, le président de l’ADR, Jean Schoos, a excusé l’absence du chef du groupe ADR, Gast Gibéryen, à la Chambre des députés : «Il est invité ce soir à une autre réception de nouvel an, à savoir au Palais grand-ducal, en sa qualité de membre du bureau de la Chambre. Je ne peux quand même pas comprendre qu’il m’ait dit que le Grand-Duc serait plus important que le président du parti, mais on ne peut pas être parfait!»