Le Luxembourg n’a jamais eu de femme Première ministre. Il faudra bien que cela arrive un jour, mais encore faut-il que les électeurs soient prêts à plébisciter une candidate qu’un parti osera présenter comme tête de liste. En revanche, ce pays compte une femme qui est arrivée récemment à la tête du premier syndicat, l’OGBL, et par la même occasion à la tête de la Chambre des salariés. Si le Premier ministre ne représente que la moitié des habitants de ce pays – les Luxembourgeois sont seuls à pouvoir voter –, Nora Back, élue à la tête du premier syndicat, l’OGBL, et présidente de la Chambre des salariés, peut se targuer de combler ce vide démocratique que le Luxembourg se voit souvent reprocher. La jeune femme tout juste quadragénaire est la figure emblématique de l’ensemble des salariés, ce qui inclut non seulement les nationaux mais également les résidents non-luxembourgeois et surtout les 200 000 frontaliers, sans oublier les retraités. Tout bien réfléchi, Nora Back est plus puissante que Xavier Bettel et Fernand Etgen réunis. En théorie bien sûr.
Et c’est une femme! Pour la toute première fois, la réception de nouvel an de la Chambre des salariés était pilotée par une femme qui est montée seule sur l’estrade pour défendre les revendications de l’ensemble des travailleurs de ce pays.
Les autres années, les présidents qui se prêtaient à cet exercice montaient sur les planches flanqués de leur garde et arrière-garde. Tous des hommes en général. Cette seule petite nouveauté fait souffler un vent de fraîcheur sur la traditionnelle réception. Sans Nora Back, quel président aurait pensé à souligner que le nombre de femmes élues lors des dernières élections sociales a augmenté de 40 % et que la Chambre des salariés se trouvait ainsi sur la bonne voie? Peu sans doute. Mais ce ne sont pas seulement les femmes qui sont mieux représentées. Les frontaliers le sont aussi et leurs représentants ont doublé à la Chambre des salariés qui reflète plus que jamais la réalité du marché du travail au Luxembourg. Celui qui est si peu représenté à la Chambre des députés, justement. Un constat que partage aussi le patronat. Avec Nora Back à la tête de la Chambre des salariés, Michelle Detaille à la tête de la fédération des industriels, il ne reste plus qu’à espérer avoir un jour une femme Première ministre.
Geneviève Montaigu