Donald Trump a salué mercredi un accord commercial « historique » entre les États-Unis et la Chine lors de la signature du document avec le principal négociateur chinois, Liu He.
« Aujourd’hui marque une étape historique, une étape qui n’avait jamais été franchie avec la Chine, vers un accord commercial juste et réciproque entre les États-Unis et la Chine », a déclaré le président américain. « Nous savons qu’il y aura encore des différends entre nos deux pays mais ce jour marque le début d’un nouveau chapitre dans les relations commerciales entre les deux plus importantes économies du monde », a renchéri le vice-président américain, Mike Pence.
La signature de ce traité met temporairement fin à un bras de fer dont l’enjeu est ni plus ni moins la domination économique et technologique mondiale. Entamé au printemps 2018 pour mettre fin aux pratiques commerciales chinoises jugées « déloyales », ce conflit s’est matérialisé par des droits de douane punitifs réciproques sur des centaines de milliards de dollars de marchandises.
Donald Trump a toutefois prévenu la Chine que les tarifs douaniers punitifs imposés à Pékin depuis près de deux ans resteraient en place jusqu’à la conclusion d’un accord commercial ultime. « Nous gardons les tarifs (douaniers) mais j’accepterais de les supprimer si nous arrivons à conclure la phase 2 », a déclaré le président, soulignant : « Je vais les garder sinon nous n’aurons aucune carte en main pour négocier ». Pour l’heure, 370 milliards de dollars d’importations de produits chinois sont frappées de tarifs douaniers punitifs.
L’accord est bon « pour le monde entier », a affirmé le président chinois Xi Jinping dans une lettre adressée à son homologue américain lequel a d’ailleurs indiqué vouloir se rendre personnellement à Pékin pour entamer les négociations.
Un mal nécessaire
L’administration prédit que cet accord dopera la croissance de la première économie du monde d’un demi point de pourcentage. Ce bras de fer a pourtant durement affecté le monde agricole et l’industrie manufacturière aux États-Unis, ceux-là mêmes qui avaient porté le président républicain au pouvoir en 2016. Donald Trump a parié sur leur patriotisme, leur demandant de la patience avant des lendemains meilleurs. Son administration estime que la guerre commerciale est un mal nécessaire pour rééquilibrer le commerce avec le partenaire chinois.
L’ancien homme d’affaires, qui clamait que les guerres commerciales étaient faciles à gagner, a aussi constamment répété que l’économie américaine n’était pas affectée par les droits de douane quand la croissance chinoise ralentissait. Pour autant, ce conflit inédit par son intensité et sa durée, a freiné l’appétit des investisseurs et donc la croissance mondiale comme la croissance chinoise et américaine. Qui plus est l’essentiel du coût des tarifs douaniers a été supporté par les importateurs américains.
L’affrontement a aussi suscité la colère, parfois le désespoir du monde agricole. Un seul exemple : les exportations de soja américain vers la Chine se sont effondrées en 2018, représentant 3,1 milliards de dollars contre 12,3 milliards en 2017. En moins de deux ans, la Chine a été reléguée de la deuxième à la cinquième place pour les exportations des produits agricoles américains. Pour atténuer les pertes, l’administration Trump a dû débloquer 28 milliards de dollars d’aide au total entre 2018 et 2019. Un maigre réconfort pour les agriculteurs, qui n’ont eu de cesse de demander une solution négociée pour reprendre leur activité plutôt que d’être maintenus en vie sous perfusion.
Pas de nouvelles sanctions douanières
Cet accord est « une grande victoire » pour les entreprises, a estimé Steven Mnuchin. Pour autant, cette victoire politique – un accord commercial avec Pékin était aussi une promesse électorale de 2016 – sera sans doute éclipsée mercredi par les démocrates de la Chambre des représentants, qui doivent transmettre au Sénat l’acte d’accusation retenu contre Donald Trump. Nul doute que l’administration Trump tentera de présenter dans une lumière favorable les détails de l’accord avec la Chine. « C’est un grand pas en avant », a souligné Larry Kudlow. Aucun accord « de ce genre n’avait été noué jusqu’alors », a-t-il ajouté. « Pour la première fois, nous avons un accord complet sur les problématiques technologiques, les services financiers, les achats » supplémentaires de biens chinois, ainsi qu’un « vrai mécanisme pour faire appliquer » l’accord, fait valoir Steven Mnuchin.
Les experts scruteront en particulier toute précision sur les achats supplémentaires de biens américains. Selon Washington, Pékin va acheter pour 200 milliards de dollars de produits américains supplémentaires sur une période de deux ans comparé au niveau d’achat de 2017. Larry Kudlow a affirmé mercredi que la Chine pouvait « absorber » ces achats supplémentaires, citant 40 à 50 milliards pour l’agriculture et 75 milliards pour l’industrie manufacturière.
En échange des engagements chinois, Washington a renoncé à imposer de nouveaux droits de douane à la Chine et diminué de moitié ceux imposés le 1er septembre sur 120 milliards de dollars de biens chinois. Le gouvernement américain insiste par ailleurs sur le lancement imminent des négociations pour une phase 2 de l’accord, abordant des questions plus sensibles telles que la cybersécurité.
LQ/AFP