Le Premier ministre irlandais, Leo Varadkar, a convoqué mardi des législatives anticipées pour le 8 février, le «meilleur moment» selon lui, quand s’ouvriront alors les délicates négociations sur la relation post-Brexit entre le Royaume-Uni et l’Union européenne.
L’Irlande est gouvernée depuis 2016 par une coalition centriste de plus en plus fragile après avoir affiché un front uni face à la crise ouverte par le désir de son voisin britannique de quitter l’UE, très lourd de risques pour l’économie irlandaise. Maintenant que plus rien ne s’oppose à un divorce le 31 janvier et que la menace d’une sortie brutale dévastatrice est écartée, le chef du gouvernement a estimé qu’il existait une «fenêtre d’action» pour appeler les Irlandais aux urnes. «J’ai toujours dit que les élections devraient se dérouler au meilleur moment pour le pays. Ce moment est arrivé», a expliqué Leo Varadkar, dont le parti Fine Gael est actuellement allié au Fianna Fail rival.
«Cependant, le Brexit n’est pas fait. En fait, ce n’est que la mi-temps.» La prochaine étape est de «négocier un accord de libre-échange entre l’UE, y compris l’Irlande, et le Royaume-Uni qui protège nos emplois, nos entreprises, nos communautés rurales et notre économie». L’Irlande aurait eu le plus à perdre d’une sortie sans accord du Royaume-Uni, qui aurait brutalement perturbé les échanges entre ces deux pays très liés, voire fragilisé la paix maintenue depuis deux décennies dans la province britannique d’Irlande du Nord.
Si ce risque est écarté, une nouvelle période d’incertitudes s’ouvrira le 31 janvier. Cette date marquera en effet le début d’une période de transition courant jusqu’à la fin 2020, censée permettre à Londres et Bruxelles de se mettre d’accord sur leur relation future. Le Premier britannique, Boris Johnson, ne cesse de répéter qu’il refuse toute prolongation mais l’Union européenne a averti qu’il s’agissait d’un délai très court pour conclure un accord de libre-échange.
Von der Leyen attendue mercredi à Dublin
À Londres la semaine dernière, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a prévenu qu’il serait impossible de s’accorder sur «tous les aspects» et qu’il faudrait choisir des «priorités». Elle est attendue mercredi à Dublin. Pour Leo Varadkar, organiser des élections début février permettra d’«avoir un nouveau gouvernement en place pour la prochaine réunion du Conseil européen en mars avec un mandat fort» pour ces négociations. Faute de majorité parlementaire suffisante, le Fine Gael (centre droit) du Premier ministre gouverne l’Irlande depuis les législatives de 2016 avec le soutien du Fianna Fail.
En tête dans les sondages, le Fine Gael a cependant vu sa popularité ébranlée par plusieurs scandales impliquant ses responsables, ainsi que par les difficultés que connaît le système de santé ou encore en matière de logement. Ce parti met en avant ses résultats économiques et peut se targuer d’avoir œuvré à éviter le scénario du pire dans la crise du Brexit.
Leo Varadkar s’est personnellement impliqué et c’est après un tête-à-tête avec Boris Johnson que ce dernier a réussi à négocier un nouvel accord de divorce avec Bruxelles et éviter un possible «no deal» aux conséquences économiques désastreuses. Jeune, métis et homosexuel, Leo Varadkar, 41 ans samedi, se présente aussi comme le symbole progressiste d’une Irlande qui se libéralise. En 2018, il a convoqué un référendum historique qui a mis fin à l’interdiction de l’avortement, dans un pays catholique connu pour son profond conservatisme.
AFP