Le prévenu qui avait braqué un restaurant à Bettembourg a expliqué, jeudi à la barre, qu’il voulait se procurer de l’argent pour s’acheter de la drogue.
Il était autour de 22h55 quand, le 7 février dernier, Mohammed A., d’origine libyenne, avait franchi le pas de la porte de la pizzeria «Il Limoncello» à Bettembourg. Selon la gérante entendue jeudi à la barre, il avait menacé les employés à l’aide d’une arme pour obtenir la recette du soir, avant de s’approprier lui-même trois portables et un portefeuille. Après avoir également pointé l’arme sur la tête de la fille de la patronne, il avait pris la fuite en direction de la gare de Bettembourg. Alertée, la police s’était mise à sa recherche. Grâce à ses chaussures rouges, l’homme avait rapidement pu être identifié.
Mais avant d’être coincé dans un cul-de-sac dans les environs de la maison de retraite, il y avait eu une véritable course poursuite. L’un des agents de police qui était ce soir-là sur les lieux témoigne que l’homme «n’a rien fait de ce qu’on lui a dit». Au lieu de s’arrêter, il avait couru jusqu’au bout du quai avant de sauter sur les rails, de jeter sa doudoune et de passer deux wagons à marchandises. C’est dans l’impasse qu’il s’était débarrassé de sa deuxième veste contenant l’argent de la caisse.
Plusieurs fois, le policier lui avait donné l’ordre de s’arrêter et de s’allonger à terre. Or le braqueur préférait plutôt se laisser tirer dessus que s’arrêter. «Il m’a dit de le fusiller», note le témoin. Grâce à l’arrivée de renforts, les agents avaient finalement réussi à immobiliser le délinquant. Ce dernier avait continué à se débattre violemment et tenté de leur donner des coups : «Il s’est défendu jusqu’à ce qu’on réussisse à lui mettre les menottes.»
L’auteur des faits ne s’était pas arrêté là. Au commissariat de police, il avait craché autour de lui et menacé de les tuer tous à l’aide d’une arme à feu une fois sorti de prison. Il avait encore indiqué avoir été formé dans un camp en Syrie en tant que jihadiste. «Je vous encule tous», avait-il enfin lâché aux policiers.
L’arme ayant servi au braquage n’a jamais été retrouvée. Quant aux portables volés, ils avaient été jetés dans la poubelle de la gare.
«Tout est juste, tout est bon. Ils ont juste un peu exagéré», a commenté le prévenu concernant les différents témoignages, avant d’expliquer qu’il était en manque ce soir-là : «Je ne pouvais pas me contrôler, je cherchais de la drogue.» Il précise par ailleurs qu’au moment des faits, cela faisait seulement deux semaines qu’il était au Grand-Duché.
«Plutôt se faire tirer dessus»
À la question du président de la 18e chambre correctionnelle Henri Becker de savoir comment il avait atterri à Bettembourg, Mohammed A. déclare qu’après s’être fait piéger à la gare de Luxembourg, il avait pris un bus au hasard. Il s’était ensuite rendu dans le restaurant pour prendre l’argent. En ce qui concerne l’arme, dont il prétend qu’elle était en plastique, il affirme l’avoir trouvée à Luxembourg. «J’ai fait une erreur», a-t-il encore déclaré.
Dans son réquisitoire, le substitut principal, Gilles Hermann, a notamment souligné l’arrestation musclée de Mohammed A. : «Il ne s’est pas rendu. Il voulait plutôt se laisser tirer dessus que se faire arrêter.» En ce qui concerne la déclaration du prévenu selon laquelle il était en manque au moment des faits, il note : «Son manque ou excédent de stupéfiants, c’est un état dans lequel il s’est mis délibérément.»
Le parquet a requis cinq ans d’emprisonnement contre le prévenu. Il ne s’oppose toutefois pas à ce que cette peine soit assortie de deux ans de sursis.
Les parties civiles, quant à elles, ont demandé au total 24 000 euros de dommages et intérêts. «Le préjudice est irréparable. J’aimerais de nouveau me sentir en sécurité», a déclaré l’une d’entre elles, avant de demander finalement 20 000 euros en réparation du préjudice moral.
Le tribunal rendra son jugement jeudi prochain.
Fabienne Armborst