Nicolas Wagner devrait être le premier cavalier luxembourgeois de l’histoire à participer aux JO. Retour sur le parcours d’un passionné de dressage.
Nicolas Wagner attendait avec impatience la fin de l’année 2019. Non seulement parce qu’il fête son anniversaire le 2 janvier. Mais surtout parce que le 31 décembre marquait la prise en compte définitive du classement olympique.
Pour le Luxembourgeois de désormais 28 ans, ce n’est pas tant sa 54e place et ses 1 894 points qui comptent. Non, ce qui l’intéresse, c’est sa deuxième place du groupe B (sud de l’Europe occidentale) à l’issue de l’année 2019. Une deuxième place qui pourrait bien finalement devenir une première, puisque le cavalier qui devance Nicolas Wagner, le Français Morgan Barbançon, serait quant à lui qualifié avec l’équipe de France.
Les Bleus, qui avaient raté la qualification directe l’été dernier, devraient finalement bien pouvoir aligner une équipe au Japon car l’Afrique du Sud n’a pas réussi à remplir totalement les critères pour aller à Tokyo. Mais premier ou deuxième, finalement, ça n’a pas beaucoup d’importance. En effet, comme le stipule les critères de qualification olympique : «Les deux athlètes les mieux placés en dressage dans chacun des cinq groupes obtiendront une place de qualification individuelle pour leur CNO.»
Cela signifie très clairement que le Luxembourg aura le droit d’envoyer un cavalier pour l’épreuve de dressage à Tokyo : «Je précise que la qualification est pour l’équipe. Même si j’espère que c’est moi qui partirai», sourit Nicolas Wagner.
Un Grand Prix Special «merveilleux» au Mans
Pour obtenir cette place, il a multiplié les très belles performances. En dressage, le score est établi en pourcentage et plus on est haut, mieux c’est. Nicolas Wagner explique le principe : «Seuls les quatre meilleurs résultats de l’année sont pris en compte, mais à chaque fois sur une épreuve différente.» En clair, même si on performe deux fois lors de la même compétition, un seul résultat sera pris en compte.
En consultant le bilan de ses compétitions, on constate qu’il s’est aligné au départ de neuf évènements avec à chaque fois, deux concours, hormis aux championnats d’Europe. Et quand on lui demande s’il y a une épreuve dont il se rappelle particulièrement, il n’hésite pas une seconde : «Au Mans, j’ai réalisé un Grand Prix Special merveilleux!» En France, au mois de février dernier, il avait remporté le Grand Prix (72,109) avant de terminer troisième du Grand Prix Special (70,936).
Mais qui est donc ce jeune homme, salarié de la Société hippique et d’élevage d’Elvange? Nicolas Wagner était prédisposé à s’occuper de chevaux : «Mon grand-père était président du Stud-Book luxembourgeois (NDLR : l’annuaire des chevaux au Grand-Duché). Mon père a toujours monté pour le loisir. Quant à ma mère, elle a toujours élevé des chevaux. Elle a dû me mettre sur un cheval quand j’avais trois ans. Je suis né dedans», résume-t-il.
Un gamin dans le monde du dressage
L’écurie familiale étant spécialisée dans les chevaux de dressage, c’est donc naturellement qu’il se spécialise dans ce domaine. C’est d’ailleurs dans cette optique qu’il rejoint, pendant trois ans, celui qui est considéré comme le gourou du dressage, l’Allemand Klaus Balkenhol. L’ancien policier à cheval avait notamment remporté l’or olympique à Barcelone en selle sur une monture issue également de la police.
Et c’est chez Klaus Balkenhol que la carrière de Nicolas Wagner va prendre un nouveau tournant. C’est là, en effet, qu’il va faire la connaissance de celui qui deviendra son cheval de prédilection, Quater Back Junior Frh : «Je l’ai eu alors qu’il avait cinq ans. Il en a désormais onze, c’est l’âge idéal. Je lui ai tout appris!»
Cette qualification est une belle revanche par rapport aux championnats d’Europe à Rotterdam, l’été dernier, quand alors qu’il était bien placé son cheval a connu une mésaventure : «Il a eu peur d’une caméra, il s’est mordu la langue et a saigné. La moindre goutte de sang est éliminatoire», explique encore le cavalier.
Désormais, cette déception fait partie de l’histoire. L’élève revenu chez Ton de Ridder – qu’il avait déjà côtoyé quand il avait 16 ans – depuis un an peut regarder de l’avant. S’il ne sait pas encore précisément ce que sera son programme, Nicolas Wagner, qui a décidé d’accorder une pause bien méritée à son cheval, a prévu «de participer à deux ou trois concours» d’ici Tokyo.
«Je suis le premier cavalier luxembourgeois à réussir ça. C’est génial d’être là. Maintenant, ce qui serait super, c’est de passer au deuxième tour.»
De toute façon, Nicolas Wagner a encore toute la vie devant lui : «La plupart de mes adversaires ont le double de mon âge. 28 ans, c’est très jeune dans ce sport.» Il aura encore de nombreuses occasions de vivre à nouveau son rêve olympique.
Romain Haas