Dire que Ford v Ferrari, traduit en français par Le Mans 66, est un film à 100 à l’heure serait bien loin de la vérité. Le nouveau long métrage de James Mangold (Copland, Night and Day, Walk The Line, Logan…) atteint plutôt 300 km/h!
Dans Ford v Ferrari tout n’est que vitesse, vrombissements de moteur, chevaux poussés à fond et freinages d’urgence. Normal pour un film qui raconte l’histoire de la bataille sportive entre deux grandes marques de voitures de sport, l’américaine Ford d’un côté et l’italienne Ferrari de l’autre au milieu des années 60. À l’époque, la Formule 1 ne trustait pas l’intérêt médiatique comme aujourd’hui et le champ de bataille préféré des pilotes et des constructeurs était en France, dans la Sarthe, sur le circuit des 24 h du Mans.
Une course qui fait souffrir les corps comme les mécaniques, mais qui fait rêver tous les passionnés. Carroll Shelby l’a remportée en 1959. Depuis, les Ferrari trustent les victoires. Henry Ford II voit là une possibilité de relancer sa marque, de lui donner une image sportive, dans l’air du temps. Il va donc demander à Shelby, depuis retiré des circuits, de lui construire une voiture révolutionnaire pour détrôner le cheval cabré. Shelby est partant, il ne lui reste qu’à convaincre Ken Miles, pilote et préparateur de génie au tempérament de cochon. Leur amitié est sincère, mais tumultueuse. Mais ensemble, les deux font des miracles !
Tiré d’une histoire vraie, resté volontairement au plus près du récit historique, pour la plupart dans des décors réels, tourné même en analogique avec le moins d’effets spéciaux possible pour donner au spectateur une véritable sensation de vitesse mais aussi de danger, Ford v Ferrari est un film prodigieux. On ne sent pas passer les 2 h 33 tellement on est accroché à notre fauteuil. Le film est plein d’énergie aussi bien dans les scènes où le réalisateur place le spectateur à l’intérieur des bolides que dans les longs moments de préparation, d’entraînement, de bricolages divers. Le tout dans des décors sixties très agréables.
Si le film est un hommage à ces hommes qui ont brûlé leur vie pour leur passion pour la vitesse, il présente bien aussi le monde des affaires, celui des compromis, des coulisses. C’est extrêmement bien pensé, réalisé, interprété par un Matt Damon et un Christian Bale en grande forme.
Un film à 300 à l’heure donc, dans la lignée de Grand Prix de John Frankenheimer (1966), de Le Mans de Lee Katzin (1971) ou, plus récemment, de Rush de Ron Howard (2013).
Pablo Chimienti