Un rapport de l’Insee met en évidence le déséquilibre du marché du travail dans le nord lorrain. Le nombre d’emplois dans le commerce, les transports ou la restauration ne répond pas aux besoins de la population et se situe sous la moyenne du Grand Est. Le Luxembourg siphonne une grande partie des emplois.
L’économie du nord lorrain sous perfusion du Luxembourg ? Beaucoup le pensent. Avec quatre actifs sur dix travaillant de l’autre côté de la frontière, le pôle métropolitain frontalier ne peut pas nier sa dépendance au Grand-Duché. L’entité administrative créée en 2019 regroupe huit intercommunalités et 338 000 habitants le long de la frontière. La partie immergée de l’iceberg de ce tableau, c’est le déficit de certains types d’emplois sur le territoire français et l’économie locale qui en pâtit. C’est l’une des conclusions d’un rapport de l’Insee qui établit un lien entre l’attractivité du Luxembourg et l’emploi en France.
Moins d’habitants qu’en 1975
Depuis 1975 et le début de la désindustrialisation, le territoire du pôle métropolitain frontalier a subi de profondes mutations. Le secteur industriel, qui représentait la majorité des emplois, ne pèse plus que 18 % aujourd’hui. La population a décliné jusque dans les années 2000. En 2018, le nombre d’habitants reste inférieur à ce qu’il était en 1975, contrairement à la moyenne du Grand Est et au reste de la France (hors Île-de-France).
À partir du début des années 2000, une lente reprise démographique s’est amorcée. Attirée par le marché de l’emploi luxembourgeois, la population s’est réinstallée le long de la frontière. Cela a favorisé l’essor de l’emploi dit présentiel. L’Insee le définit comme « les activités mises en œuvre localement pour la production de biens et de services visant la satisfaction des besoins de personnes présentes dans la zone, qu’elles soient résidentes ou touristes ». En d’autres termes, les emplois qui profitent directement aux habitants, tels que la restauration, le commerce, les transports, les services financiers, etc.
17 emplois présentiels pour 100 habitants
Mais si l’emploi présentiel représente 71 % des emplois sur le territoire (soit plus que la moyenne du Grand Est), cela est encore trop peu comparé au nombre d’habitants. L’Insee explique que « pour 100 habitants, le nord lorrain ne compte que 17 emplois présentiels, contre 24 dans le Grand Est ». Le fossé se creuse pour les emplois dits intellectuels (conception-recherche, gestion). « Les actifs occupés résidant dans le nord lorrain et exerçant une fonction intellectuelle supérieure sont presque trois fois plus nombreux que le nombre d’emplois de ces fonctions présents sur le territoire », rapporte l’Insee.
En d’autres termes, le Luxembourg attire trop. Côté français, la hausse démographique ne s’accompagne pas d’une hausse des emplois. Résultat : les collectivités françaises ne profitent pas des retombées économiques liées à la présence de cette population. Une conclusion qui ne manquera pas d’étayer les arguments des militants de la rétrocession fiscale…
Damien Gollini (Le Républicain Lorrain).
Il faut arrêter de comparer l’incomparable, c’est comme comparer Paris intra-muros et la Seine-Saint-Denis. Il s’agit d’un phénomène localisé à la frontière entre Luxembourg et Lorraine-Nord qui n’a pas beaucoup à voir avec la gestion de la France dans sa globalité, même si elle est totalement critiquable. Des inégalités entre métropoles riches et secteurs périurbains désindustrialises situés à proximité existent partout en Europe, mais peut-être pas à un niveau comparable, le Luxembourg étant quasi le pays avec le PIB par tête le plus important au monde, et dont la petite taille lui permet de faire du dumping fiscal face aux grands pays comme la France. Si rien est fait, ce déséquilibre finira par transformer la Moselle-Nord en favela de Luxembourg, sans provoquer la moindre conséquence sur le reste de la France.
Si la France était mieux gérée, si elle n’était pas la championne du monde toutes catégories des prélèvements, taxes et impôts, si elle n’avait pas autant de gens issus de l’immigration sans la moindre qualification, alors, ce serait les luxembourgeois qui iraient travailler en France.
Mais cela, aucune des personnes, même fort jeunes qui lisent ce propos ne le verra de son vivant.