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Échauffourées entre taxis parisiens et Uber


Peu avant 7h, les manifestants ont brièvement occupé les voies du périphérique au niveau de la Porte Maillot, brûlant pneus et palettes avant d'être délogés par les policiers. (Photo AFP)

Palettes en feu sur le périphérique, bretelles d’accès à l’aéroport de Roissy bloquées et confrontations tendues, parfois violentes, avec les chauffeurs Uber : les taxis parisiens ont manifesté leur colère jeudi pour « faire respecter la loi ».

Porte Maillot, dans l’ouest parisien, Julien Cinquin se lamente en regardant son van aux quatre pneus crevés et à la vitre arrière éclatée : « C’est mon outil de travail, ça va me coûter une fortune, je ne sais pas comment je vais faire ». « Pourquoi t’es venu travailler, tu savais qu’il y avait grève aujourd’hui », rétorque un taxi à ce chauffeur de « transport de personne » à son compte qui assure ne travailler « ni pour Uber ni pour aucune application ».

Julien Cinquin est tombé sur un barrage d’une dizaine de taxis. En quelques secondes, ils l’ont extirpé du van, lui ont cassé les rétroviseurs et jeté un gros pétard sur la banquette arrière. Une charge de CRS les a in extremis empêchés de renverser le véhicule. Une chance que n’a pas eue un de ses collègues, dont le van Mercedes gît sur le toit à quelques dizaines de mètres de là.

Scènes d'émeutes, ce jeudi matin dans l'ouest parisien. (Photo AFP)

Scènes d’émeutes, ce jeudi matin dans l’ouest parisien. (Photo AFP)

Malia, âgée de 50 ans et également du métier, contemple la scène : « Les taxis, ok c’est des grandes gueules, mais habituellement c’est pas agressif. Jusqu’il y a trois ans, on manifestait jamais. Mais là vous avez des gens qui ont une famille a nourrir, un crédit… Ils sont acculés. »

Depuis l’aube, des centaines de taxis perturbent fortement la circulation dans et autour de la capitale pour dénoncer la « concurrence déloyale » d’UberPOP, qui met en relation des passagers et des conducteurs non professionnels assurant le transport avec leurs propres véhicules. Peu avant 7h, les manifestants ont brièvement occupé les voies du périphérique au niveau de la Porte Maillot, brûlant pneus et palettes avant d’être délogés par les policiers. Quelques dizaines d’entre eux essaient à nouveau vers 9h30 mais sont rapidement évacués.

« UberPOP est illégal. C’est la loi et il faut la faire respecter. Nous n’avons pas l’impression que le gouvernement est volontaire en la matière », déplore René Pierre-Jean, délégué CGT devant la gare du Nord, dont les accès sont bloqués. Sur les vitres de leur taxi, des tracts : « Ne nous laissons pas uberiser », « Non à la précarisation des chauffeurs de taxi ». « UberPOP c’est du dumping. Ils n’ont pas de contrainte, de charge, d’obligation légale », plaide Thierry Boyadjan, un taxi de 54 ans.

« On a envie de les buter »

Des barrages filtrent les accès à l’aéroport d’Orly, tout comme à Roissy. Une limousine noire, conduite par un chauffeur UberPOP est repérée alors qu’il tente de débarquer une cliente devant le terminal 2E. Sous les cris d’une vingtaine de grévistes, il est escorté sur quelques mètres par la police qui fait sortir la cliente. La plaque d’immatriculation du chauffeur est relevée sous les huées des chauffeurs de taxi. Il devrait être convoqué ultérieurement par la police, selon une source policière .

« C’est un POP illégal, c’est un POP illégal », lancent les taxis en encerclant une autre berline noire. « Verbalisez verbalisez », intiment-ils aux policiers. « A Roissy, les chauffeurs UberPOP on les reconnaît vite », explique Jose Diogues, taxi depuis 38 ans. « On a envie de les buter, c’est interdit et ils continuent de faire chier. » Certains taxis arborent un drapeau français et des affiches « Uber go home » contre le groupe américain. Impossible d’arriver en voiture, quelques passagers arpentent l’asphalte déserte, traînant leur valise à roulettes.

« Mon mari m’a laissée au niveau du barrage de taxis et j’ai marché plus d’un quart d’heure ! », peste Christine, une femme d’affaires en partance pour Stockholm. « Ça me révolte, on empêche tout le monde de bosser ».

Le Quotidien/AFP

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