Glenn Marques, gardien de but de Junglinster, est décédé brutalement ce week-end, à 25 ans. Une horreur.
«Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas pleuré comme hier soir.» Christian Strasser a la voix qui tremble. Le président de Mondorf s’est fait cueillir en plein repas à Metz, samedi soir. À Mondorf, à Junglinster, tous les téléphones ont sonné à peu près en même temps et les réactions, choquées, épouvantées, ont été les mêmes chez tout le monde : «J’ai dû rappeler deux personnes juste après, explique Strasser, je pensais que c’était une mauvaise blague. C’était comme si quelqu’un venait de te mettre une grande gifle et que tu te dis « non, c’est pas possible, c’est un rêve. Un rêve de merde. Je vais me réveiller ».»
Victime d’un malaise en famille
Ce week-end, personne ne s’est réveillé de ce cauchemar. Glenn Marques était en famille quand il s’est effondré d’un coup, victime d’un malaise. Personne n’a réussi à le ranimer. Et depuis, ce sont une famille, deux clubs et une bonne partie du football luxembourgeois qui pleurent.
Claude Kremer, son président à Junglinster, averti vers minuit par Philippe Trierweiler sur cette inquiétante rumeur qui circulait dans le village (Glenn Da Costa était un enfant de Junglinster), n’a d’ailleurs pas pu retenir ses larmes, dimanche après-midi, alors qu’il était en voiture, en route pour le rassemblement improvisé de ses joueurs et de son staff, au stade de la Route de Luxembourg. «Ça fait un bout de temps que je suis président et des gens, j’en ai vu partir beaucoup, mais ça fait énormément plus mal quand c’est quelqu’un d’aussi jeune.» Pas encore arrivé sur place, il se demandait s’il serait capable de dire quelques phrases : «Je parlerai si les mots sortent. Mais ce sera très difficile», s’étrangle-t-il, avant de reprendre le dessus après quelques secondes. «Des fois, vous savez, les silences en disent plus que les mots.»
«Un garçon plein de vie, plein de joie»
La douleur a pourtant trouvé dimanche bien des moyens de s’exprimer pour parler de ce garçon parti bien trop tôt et parrain d’un des enfants de Patrick Worré. «Plein de gens se sont manifestés, indique Christian Strasser. Des joueurs d’autres clubs. Glenn était apprécié partout.» «C’était le boute-en-train du groupe, la joie de vivre incarnée, souffle le directeur sportif de Junglinster, Philippe Dillmann. Moi aussi j’étais tombé sous le charme. Ce garçon était presque un frère pour certains joueurs de notre effectif alors qu’ils ne le connaissaient que depuis quelques mois. Il a marqué les esprits. Je suis littéralement sous le choc.» «C’était un vrai petit clown, poursuit Claude Kremer. Quelqu’un avec un très grand cœur.»
Passé également par Hostert, aligné à 42 reprises en Division nationale, Glenn Marques semblait parti pour voir ses deux clubs tenter de le récupérer pour la saison prochaine, preuve que ses qualités sportives commençaient à en faire un portier qu’on pouvait avoir envie de s’arracher, d’autant qu’il ne s’est jamais rendu coupable de quelque geste d’humeur que ce soit, même quand il se retrouvait remplaçant. Un gars bien jusque dans le civil, où cet éducateur de l’ASTI, qui œuvrait dans la commune d’Eich, faisait l’unanimité.
«On a partagé le même vestiaire pendant quatre saisons, murmure Mohamed Nabli, qui fut son capitaine à Mondorf jusqu’à la saison dernière. Quatre ans à se voir presque tous les jours. C’était un très bon garçon plein de vie, plein de joie. Il était aimable, attachant. Je dormais presque quand j’ai reçu le message. Je ne voulais pas y croire. Je refusais d’y croire. Je n’ai pas dormi de la nuit.»
Pour Junglinster, la reprise des entraînements sans lui, en janvier, s’annonce lourde, insupportable. Tout autant que le sera la réception de Hamm, le 1er mars, pour la reprise du championnat. À sa famille, à ses coéquipiers, à ses clubs, nous présentons nos plus sincères condoléances.
Julien Mollereau