Les trois hommes poursuivis pour avoir braqué une station-service à Frisange à l’été 2017 avaient été arrêtés en France. Mercredi après-midi, ils ont écopé de peines allant de 7 à 13 ans de prison ferme.
Ce n’était certainement pas le braquage du siècle : en plein jour, autour de 6 h 15, le 15 août 2017, deux braqueurs cagoulés, gantés et armés de pistolets d’alarme avaient mis en joue deux employées d’une station-service à Frisange. Surpris par quatre amis rentrant de vacances, le duo était reparti les mains vides. Mais il avait réussi à regagner le véhicule garé sur le parking P&R où les attendait un troisième homme dans une voiture immatriculée en France.
Comme les témoins avaient noté la plaque d’immatriculation, un premier homme avait pu être identifié dès le lendemain à Metz. Il avait malencontreusement utilisé la Ford Mondeo de son père, il n’avait donc pas été compliqué de cueillir le chauffeur… Lors de sa garde à vue, Yakoub T. (24 ans) avait balancé les noms de Hakim H. (22 ans) et Serge L. (32 ans). S’il avait maintenu avoir été le chauffeur lors du braquage, après quelques mois de détention préventive, il s’était rétracté concernant la participation de ses deux acolytes. Jusqu’au bout, ces derniers avaient nié leur implication. «La police a saisi la voiture de Yakoub moins de 24 heures après les faits. Si j’avais été dans la voiture, il y aurait forcément eu mon ADN», avait notamment appuyé Hakim H. à la barre.
«Les seules dépositions d’un codétenu ne sauraient être suffisantes pour une condamnation», avaient argué leurs avocats Me Roby Schons et Me Pim Knaff plaidant l’acquittement. Mais pour le parquet, il y avait suffisamment d’éléments pour reconnaître coupables Hakim H. et Serge L. du braquage. Lors de la perquisition chez Serge L. à Compiègne, la police avait pu saisir le même type de baskets Reebok que celles aperçues sur les images de la vidéosurveillance de la station-service. Et dans le cadre des écoutes téléphoniques, certaines déclarations de sa copine avaient également éveillé les soupçons. Ainsi savait-elle qu’ils avaient «perdu un flingue» tout comme le détail des «chaussures blanches» et qu’«on les avait balancés».
«Tu peux dire à Yakoub qu’il est mort»
Dans son jugement rendu mercredi après-midi, la 13e chambre criminelle est restée pour deux prévenus en dessous des réquisitions du parquet. Par application de circonstances atténuantes, Yakoub T. écope au final de 7 ans de prison ferme, Hakim H. de 10 ans et enfin Serge L., déjà condamné en France, de 13 ans de réclusion. Avant même que la présidente n’ait terminé la lecture du prononcé, ce dernier, dépité, avait déjà repris place sur le banc. Son avocat Me Knaff ne manquera d’ailleurs pas de nous annoncer : «On interjettera appel.»
Le trio qui se trouve actuellement en détention préventive à Schrassig est également condamné à verser à chacune des deux employées 5 000 euros au titre du préjudice moral.
Serge L. était, par ailleurs, poursuivi pour avoir proféré des menaces verbales contre Yakoub T. en décembre 2017 à Schrassig par le biais d’une personne. Appelé à témoigner à la barre, Yakoub T. avait dit avoir voulu retirer sa plainte. La personne qui avait relayé les menaces à Yakoub T. à l’époque était toutefois formelle pour dire que c’est bien Serge L. qui lui avait dit : «Tu peux dire à Yakoub qu’il est mort.» Pour ces menaces, le trentenaire est condamné à 12 mois de prison ferme et 1 500 euros d’amende. Conformément aux réquisitions du parquet. «Vu le comportement de Yakoub T., vous voyez qu’il a eu peur. Les menaces ont porté leurs fruits, il a changé de déclaration dans le dossier du braquage», avait soulevé sa représentante.
Fabienne Armborst
Tous nos articles sur ce procès : ici