La ministre de la Famille peut souffler. Malgré certaines critiques, le comité d’éthique ne voit pas de conflit d’intérêts en relation avec la lettre envoyée depuis son compte mail officiel à l’UCVL pour se plaindre de la gestion du chantier du tram.
Nos confrères du Wort ont publié ce mardi le rapport du comité d’éthique, saisi par le Premier ministre, Xavier Bettel, pour trancher le cas Corinne Cahen. La ministre et présidente du DP s’était fendue d’une lettre explosive adressée à l’Union des commerçants de la Ville de Luxembourg (UCVL) pour dénoncer la gestion du chantier du tram dans le quartier Gare. L’élément majeur qui fait désordre est que Corinne Cahen reste propriétaire d’un magasin de chaussures situé avenue de la Liberté et qu’elle a signé la lettre en question dans sa fonction de ministre. La lettre avait été envoyée par le biais de son compte mail officiel.
Le comité d’éthique a rendu ses conclusions lundi, aussi bien en ce qui concerne la lettre adressée à l’UCVL que la location sur Airnbn d’un appartement appartenant à Corinne Cahen. Selon l’analyse du comité, chargé de vérifier s’il y a eu entrave au Code de déontologie du gouvernement, «un conflit d’intérêts n’existe pas en l’espèce». Le comité se réfère au contenu de la lettre de la ministre, ses intérêts «ne sauraient être qualifiés d’intérêts personnels». Les critiques émises au sujet la gestion du chantier du tram seraient bien à considérer comme «intérêt général de l’ensemble des commerçants du quartier de la Gare».
Bettel appelé à tancer sa ministre
Par contre, le comité «a toutefois jugé utile d’exprimer ses réserves au sujet du caractère judicieux des références effectuées en guise d’exemple par Madame Cahen à la situation de sa propre entreprise dans le quartier de la Gare aux fins de justifier ses démarches auprès de l’UCVL et de Luxtram». De plus, l’usage de son compte mail ministériel pour envoyer la lettre est qualifié comme «usage inapproprié».
Les excuses formulées par Corinne Cahen ont cependant pesé et le comité d’éthique se contente d’«inviter le Premier ministre à recommander à Madame Cahen de faire preuve à l’avenir de plus de circonspection et de prudence et de veiller à ce qu’une telle situation ne se reproduise plus».
Airbnb : le Code de déontologie trop imprécis
Pour ce qui est de la location d’un appartement sur Airbnb, le comité d’éthique affirme «ne pas être en mesure à l’heure actuelle d’identifier dans le chef de Madame Cahen un comportement contraire au Code de déontologie». Ce dernier ne serait pas très précis sur la question si «un revenu tiré d’une location d’une propriété immobilière est susceptible d’être qualifié de rémunération», interdite par le Code.
Le comité d’éthique recommande donc au Premier ministre de compléter le texte par une recommandation du Groupe d’États contre la corruption de l’OCDE (GRECO). Cet organe plaide ainsi pour «étendre les obligations de déclaration et de publication concernant les ministres pour couvrir également les biens immobiliers de placement».
David Marques