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[Cinéma] Les Misérables une claque qu’on a plaisir à prendre!


Alexis Manenti, Damien Bonnard et Djebril Didier Zonga forment le trio de policiers des Misérables. (Photo : SRAB Films - Rectangle Productions - Lyly films)

Avec Les Misérables, Ladj Ly, propose un «films de banlieue» d’une grande force et d’une grande justesse. Pas manichéen pour un sou, mais au contraire, réaliste et humain.

Depuis La Haine, on n’avait plus vu ça! Certes le cinéma français nous a offert pas mal de «films de banlieue» mais une telle claque, on ne l’avait plus reçue depuis le Kassovitz, il y a près d’un quart de siècle désormais!

C’est que Ladj Ly, ces quartiers, il les connaît vraiment. Il y a vécu et y vit toujours, assure le réalisateur. «Ils sont ma vie et j’aime y tourner. C’est mon plateau de tournage!», explique-t-il.

Ses réalisations en sont la preuve : 365 jours à Clichy-Montfermeil (2007), Go Fast Connexion (2008), Chroniques de Clichy-Montfermeil (2017) et Les Misérables. Oui, deux ans auparavant, il a sorti un autre Les Misérables. Un court métrage, avec déjà Damien Bonnard, Djebril Didier Zonga et Alexis Manenti, déjà sur la Brigade anticriminalité de Montfermeil, qui lui servira de base de travail pour le long, désormais en salle après avoir remporté le prix du jury au festival de Cannes et le prix du meilleur premier film au Colcoa Film Festival de Los Angeles.

Le film, repensé sur 104 minutes, raconte l’arrivée de Stéphane, un flic de la Brigade anticriminalité qui arrive de province en banlieue parisienne pour rester près de son fils, qui vit avec son ex qui vient de s’installer en Île-de-France. À Montfermeil, il est accueilli par son collègue Gwada et son chef Chris, deux gars expérimentés qui n’hésitent pas à frôler avec l’illégalité dans le cadre de leurs fonctions si cela leur permet de garder le calme dans le quartier et de se faire respecter. Mais à force de jouer avec le feu, on finit par se brûler.

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D’autant que les tensions sont à leur comble. «Microbes» contre «Grands frères», islamistes contre magouilleurs divers, trafiquants contre familles, etc. Et quand des gamins de la cité volent le lionceau d’un cirque de passage, les gitans semblent eux aussi prêts à mettre le feu aux poudres! Du coup, dès son premier jour, Stéphane aura droit à un concentré de problèmes. Jusqu’à la bavure d’un de ses collègues. Filmée par un drone!

Sans aucun manichéisme mais avec un important souci de réalisme, le film se durcit progressivement jusqu’à une scène finale d’anthologie. C’est brillant, complexe, efficace, rythmé… Il n’y a, dans le récit, ni gentils ni méchants, juste des personnages débordés par une agressivité omniprésente et une violence extrême. Des hommes – les femmes sont rares dans le récit – écrasés par un système dont tout le monde est finalement aussi bien victime que responsable!

Le film a remporté le Prix de la Découverte aux European Film Awards.

Pablo Chimienti