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Adeptes de la procrastination

La procrastination est, selon le dictionnaire, la «tendance à tout remettre au lendemain, à ajourner, à temporiser». Si nous la pratiquons tous au quotidien, à des degrés plus ou moins divers, cette petite faiblesse humaine pose de bien plus amples problèmes quand elle s’invite dans la sphère politique. Le meilleur exemple est actuellement ce qu’il est convenu d’appeler «le feuilleton grec».

Après un énième sommet exceptionnel, lundi soir à Bruxelles, qui a réuni les dirigeants européens, l’optimisme est de mise. La perspective de sceller un accord avant la fin de la semaine avec Athènes afin d’éviter un défaut de paiement de la Grèce semble se dessiner.

Apparemment, le temps presse. La Grèce doit, en effet, rembourser pour le 30 juin quelque 1,5 milliard d’euros qu’elle doit au FMI. Pour cela, le déblocage d’une tranche de prêt des créanciers, toujours en suspens, (7,2 milliards d’euros) ou un geste financier de la Banque centrale européenne (BCE) sera nécessaire. Le gouvernement d’Alexis Tsipras semble disposé à de nouvelles concessions, par le biais de hausses d’impôts. Ce remboursement apparaît donc en bonne voie.

Pourra-t-on, pour autant, crier victoire? Cela signifiera-t-il la fin du «problème grec»? Bien évidemment non, de nouvelles échéances sont attendues dans les mois qui viennent et le même scénario d’urgence risque de se répéter à l’envi.

Les dirigeants européens ont temporisé, ils ont ajourné, remis au lendemain le nœud du problème  : la dette grecque. Si elle permet de se sentir mieux, l’espace de quelques jours, la procrastination, malheureusement, ne résout rien. Malgré l’austérité imposée par les créanciers, la dette grecque n’a fait qu’augmenter ces dernières années, pour atteindre aujourd’hui près de 180  % du produit intérieur brut (PIB) et il est difficile d’imaginer que de nouvelles hausses d’impôts puissent changer quoi que ce soit. Il faut l’admettre  : cette dette ne sera jamais honorée. À moins de s’obstiner à faire de la Grèce un pays du tiers-monde, il va bien falloir se résoudre à trouver un moyen d’en réduire le fardeau.

Nicolas Klein