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Nicolas Schmit : «L’OGBL va connaître une révolution»


Le nouveau commissaire européen du Luxembourg, Nicolas Schmit, a tenu vendredi un plaidoyer flamboyant pour une Europe plus juste (photo : Alain Rischard).

Le premier syndicat du pays va se doter ce vendredi d’une nouvelle direction. En principe, Nora Back sera désignée en fin d’après-midi comme la toute première femme à la tête de l’OGBL. «Une révolution pour ce syndicat», se félicite Nicolas Schmit, le commissaire européen du Luxembourg.

Depuis ce vendredi matin, l’OGBL tient son grand congrès, organisé tous les cinq ans. Les quelque 400 délégués réunis jusqu’à ce samedi à l’hémicycle du Kirchberg auront une décision de taille à prendre : l’élection d’un nouveau chef de file.

Après un seul mandat, André Roeltgen a décidé de tirer sa révérence comme président du premier syndicat du pays. Son échec personnel lors des élections sociales a amené le syndicaliste à se retirer plus tôt que prévu de la tête de l’OGBL. Sauf énorme surprise, ce sera la secrétaire générale sortante, Nora Back, qui sera élue en fin d’après-midi comme toute première présidente de l’OGBL. «Je peux passer le flambeau la conscience tranquille», nous avait confié André Roeltgen dans l’Interview du lundi de cette semaine.

«Ce fut un honneur de servir ce syndicat»

Lors de son dernier discours en tant que président, ce vendredi matin en ouverture du congrès, André Roeltgen a surtout tiré le bilan, sans trop parler de sa personne. «Je tiens à vous dire un grand merci pour votre soutien et la coopération lors de toutes ces dernières années», a-t-il sobrement souligné. «En tant que président de l’OGBL, on sait que l’on ne peut rien atteindre sans l’engagement conséquent et le travail solidaire fourni par tous nos collaborateurs et tout notre personnel.» «Cela fut un honneur de servir ce syndicat», a conclu André Roeltgen.

Le premier jour du congrès aura aussi été marqué par un premier grand discours de Nicolas Schmit en tant que commissaire européen. En charge de l’Emploi et de l’Économie sociale, le Luxembourgeois jouait à domicile ce vendredi. «C’est une situation un peu bizarre de parler ici devant vous. J’ai toujours l’impression de faire partie intégrante de vous tous, mais pourtant je suis là comme invité venu de Bruxelles», a avoué l’ancien ministre du Travail au début de son discours, qui s’est rapidement transformé en un plaidoyer flamboyant pour une Europe plus sociale, plus verte et plus juste.

«Mettre fin au néolibéralisme et à l’austérité»

«Il est grand temps de mettre fin à cette orthodoxie qui s’appelle néolibéralisme ou austérité. Cette politique a affaibli nos sociétés, nos économies, nos États et même notre système démocratique», tranche Nicolas Schmit dans le vif. La nouvelle Commission européenne dirigée par l’Allemande Ursula von der Leyen, en poste depuis dimanche dernier, aurait comme grande priorité la création d’un «New Green Deal», qui doit mettre sur un même socle la lutte contre le changement climatique et l’équité sociale. «Il ne peut exister de politique valable pour lutter contre le changement climatique sans mettre en place une forte politique sociale», souligne Nicolas Schmit.

Conscient que tout cela va coûter des «milliers de milliards d’euros», le commissaire luxembourgeois a insisté sur le fait que «la reconstruction de l’économie ne doit pas une nouvelle fois se faire sur le dos des travailleurs». La politique d’austérité ayant servi de réponse à la crise financière de 2008 fait toujours des ravages, selon lui, notamment au niveau de la pauvreté, qui guette 22 % des citoyens européens. Toujours dans ce contexte, l’économie numérique doit être une chance et non pas un danger pour les Européens, clame Nicolas Schmit.

«Jamais eu l’impression d’avoir piégé un camp»

Afin de «garantir une vie décente à chaque personne qui travaille», le commissaire luxembourgeois lance : «L’Europe doit enfin reprendre sa pleine responsabilité à l’échelle de la politique sociale.» La création d’un cadre pour un salaire sociale minimum européen et un renforcement des conventions collectives sont deux priorités définies par Nicolas Schmit. «On a besoin d’un dialogue social fort pour imposer des salaires décents», souligne-t-il.

Au Luxembourg, ce sera donc Nora Back qui deviendra une nouvelle figure forte de ce dialogue social. «En termes d’égalité entre hommes et femmes, l’OGBL va connaître une révolution», se félicite Nicolas Schmit. «Nous avons toujours bien travaillé ensemble. Je n’ai jamais eu l’impression d’avoir piégé l’un ou l’autre camp. On a toujours entamé les négociations de bonne foi pour obtenir, en fin de compte, de bons résultats», se remémore l’ancien ministre du Travail, en lançant au passage un message clair au patronat, qui ces derniers mois s’est montré récalcitrant à propos du modèle tripartite, cher au Luxembourg.

«Il nous faut avancer ensemble, avec le concours de syndicats forts», conclut Nicolas Schmit. Les délégués de l’OGBL étaient convaincus. Reste à convaincre l’ensemble des pays membres de l’UE que la politique européenne doit changer de cap.

David Marques