Le cinéaste ukrainien Oleg Sentsov, libéré en septembre par Moscou, a mis en garde l’Europe contre la Russie qui veut faire vivre l’Ukraine « à genoux », lors d’un discours mardi devant le Parlement européen. Le cinéaste a appelé les Européens à ne pas céder aux « tentatives d’apaisement »concernant la Russie de Vladimir Poutine.
« On parle beaucoup d’apaisement, de faire la paix avec la Russie, mais je ne crois pas à ce que dit Poutine et je vous encourage à ne pas le croire non plus », a déclaré Oleg Sentsov. Le cinéaste a reçu en mains propres le prix Sakharov des droits de l’Homme, qui lui avait été attribué par le Parlement en 2018 alors qu’il était encore en prison. « La Russie c’est un mensonge, les Russes ne veulent pas de la paix dans le Donbass (l’Est ukrainien en guerre, ndlr), ils ne veulent pas de la paix pour l’Ukraine, ils veulent que nous vivions à genoux, ils veulent diriger la politique européenne selon leurs méthodes et nous ne pouvons pas le permettre », a-t-il averti devant les députés européens.
Sommet à Paris le 9 décembre
Vladimir Poutine a chanté les louanges du nouveau président ukrainien, Volodymyr Zelensky, à l’approche d’un sommet à Paris le 9 décembre pour faire avancer le règlement du conflit en Ukraine, sous la médiation de la chancelière allemande Angela Merkel et du président français Emmanuel Macron, qui souhaite un rapprochement de l’UE avec Moscou. Libéré le 7 septembre dans le cadre d’un échange de 70 prisonniers entre la Russie et l’Ukraine, Oleg Sentsov avait été arrêté chez lui en 2014 après avoir protesté contre l’annexion de la Crimée. Sa condamnation à 20 ans de camp en Russie pour la préparation d' »attaques terroristes » avait provoqué une mobilisation internationale.
« Chaque fois que l’un d’entre vous songe à tendre une main d’amitié à Poutine, rappelez-vous les 13.000 morts ukrainiens », a mis en garde le cinéaste. Le président du Parlement européen, l’Italien David Sassoli, a appelé à la libération des autres lauréats du prix Sakharov encore emprisonnés, notamment l’Iranienne Nasrin Sotoudeh. En 2019, le prix a été décerné à l’intellectuel ouïghour Ilham Tohti, condamné à la prison à vie en Chine.
AFP