Accueil | Sport national | [Basket] : «On peut jouer beaucoup mieux que ça!»

[Basket] : «On peut jouer beaucoup mieux que ça!»


Philippe Gutenkauf n'est pas satisfait de la première partie de saison d'Etzella. (Photo : luis mangorrinha)

Etzella a dominé Bertrange, samedi, grâce à un tir à quelques secondes de la fin de Philippe Gutenkauf. L’arrière nordiste, véritable patron de l’armada ettelbruckoise, se montre très sévère à l’égard de son équipe. Car il sait ce dont elle est capable.

Après une entame de championnat compliquée, les choses reviennent petit à petit à la normale pour Etzella. Mais pour Philippe Gutenkauf, sauveur de sa formation contre le Sparta, le tenant de la Coupe et champion en titre doit et peut beaucoup mieux faire.

On arrive à la mi-saison et votre bilan est de 6-3. Vous êtes deuxième du championnat. Êtes-vous satisfait?
Philippe Gutenkauf : Non, je ne suis pas satisfait. On a perdu contre les Musel, le Racing et Larochette… Normalement, ce sont des matches qu’on doit gagner. Pour le moment, on joue à 50 % du basket qu’on a pratiqué la saison passée. On n’arrive pas à jouer 40 minutes notre basket habituel.
Vous êtes bien sévère!
Bien sûr. Car je sais qu’on peut jouer beaucoup mieux qu’on ne le fait.
À quoi attribuez-vous cette première partie de saison en deçà de vos attentes?
Je n’ai pas dit qu’on avait fait une mauvaise première partie de saison mais qu’on devait faire mieux pour remporter le doublé. Les raisons de ce mauvais départ sont dures à donner. Sur certains matches, on parvient à jouer comme l’année dernière. On prend du plaisir, on fait des passes, on met nos tirs, on joue collectif. Et le match suivant, on n’est pas du tout collectif, on se dispute et ça ne marche pas.
Si on regarde bien, le seul changement majeur dans l’équipe, c’est au niveau des pros. En perdant Tim Coleman et Billy McNutt, vous avez perdu plus que vous ne le pensiez?
En fait oui… Les deux ensemble formaient le meilleur duo de la Total League. Billy avait au moins un double-double à chaque match alors que Tim nous a fait remporter beaucoup de rencontres. Je pense que s’ils étaient restés, on réaliserait sans doute encore une fois le doublé.
Mais ils ne sont plus là…
Non. Mais avec Dwayne (Brown) et Ike (Banks), je peux dire que nous avons deux joueurs également très forts. Ils se donnent à 100 % à l’entraînement et on voit qu’ils veulent nous aider pour atteindre le même résultat que la saison passée.
Ike est arrivé en cours de saison, ça a vraiment changé quelque chose une fois qu’il était là?
C’est vrai qu’on a eu pas mal de malchance avec les Américains cette saison. Au début, Trayvonn Wright est arrivé. Un super joueur mais qui s’est malheureusement blessé. Ensuite, on a Malik, qui mesurait 2,09 m et dont on pensait qu’il pourrait nous aider. Mais ce n’était malheureusement pas le cas. Désormais, on a Ike. Et des trois cités, je pense que c’est le meilleur. Je suis persuadé qu’on peut faire quelque chose avec lui.
Vous êtes encore en rodage avec lui, encore en train d’apprendre à vous connaître?
Oui bien sûr! Ça prend encore du temps, mais le coach et l’équipe font l’effort d’intégrer le mieux possible les deux Américains. C’est vrai que lors de la saison dernière, on a eu la chance que ça se passe très vite avec Tim.
Revenons au championnat. Il y a deux semaines, vous restiez sur une grosse défaite à l’Arantia, avec plus de 100 points encaissés. Comment avez-vous vécu la situation?
Ce match face à Larochette était terrible. La seule chose positive, c’est que je jouais contre mon meilleur ami, Pit Elcheroth. Mais le match en lui-même, on était nul défensivement, Pit a dominé sous les panneaux. Je ne me rappelle même plus la dernière fois qu’on a encaissé 100 points!
C’était il y a deux semaines. La semaine dernière, vous n’aviez pas joué, c’était une bonne chose pour préparer le Sparta?
Je pense que les deux semaines nous ont fait du bien. On s’est dit qu’on ne pouvait jouer que mieux sinon la saison allait être très compliquée. Le coach et Nelson nous ont motivés toute la semaine, on s’est bien entraînés et on était donc motivés pour l’emporter au Sparta.
Ce que vous avez fait… même si ça n’a pas été facile?
On a démarré le match de manière très agressive. On a bien couru, on a mis nos tirs, on a bien joué en défense et trouvé Ike et Dwayne sous les panneaux, bref toutes les missions qu’on se fixe à chaque match. On a pris du plaisir sur le parquet en première mi-temps, c’est ce qui explique l’avance de 18 points à un moment de la partie.
Mais par la suite, c’est plus compliqué?
Oui. Comme ça a déjà été le cas à plusieurs reprises cette saison, on a commencé à faire montre de moins d’agressivité. On a forcé les tirs, on a oublié le jeu collectif. J’ai le sentiment que parfois, quand on mène de quelques points, on est sûrs de l’emporter. Mais cette saison, ce n’est pas le cas. Il faut toujours être attentif car toutes les équipes doivent et veulent gagner pour jouer les play-offs.

J’ai le sentiment que parfois, quand on mène de quelques points, on est trop sûrs de
l’emporter. Mais cette saison, ce n’est plus le cas

On peut dire que vous vous êtes fait peur?
Au début, j’étais sûr qu’on allait gagner ce match. Mais dans le dernier quart, quand le Sparta est revenu, j’ai commencé à avoir un peu peur. Maintenant, je savais qu’on avait plus d’expérience qu’eux et qu’avec Jairo, Gilles, Dominique ou Fritz, on a déjà connu une telle situation. Et en tant que champion et vainqueur de la Coupe, on se devait de gérer.
Et finalement, c’est vous qui offrez la victoire à Etzella?
On a mené pratiquement tout le match, jusqu’à un tir de Pitt Koster qui donnait l’avance d’un point au Sparta. Sur la dernière action, Ike devait normalement faire un écran mais comme il n’y avait plus beaucoup de temps, j’ai décidé d’attaquer et de mettre mon tir. Quand je l’ai rentré, il devait rester environ trois secondes à jouer.
Vous inscrivez ce panier après avoir effacé Pitt Koster. Vous n’êtes pas coutumier du fait?
Non, c’est seulement la deuxième fois que j’inscris le panier de la victoire. La première fois, c’était lors du dernier match des finales contre le T71 la saison passée.
Grâce à ce panier, vous repartez avec la victoire. Que retenez-vous du match, la victoire ou le fait que vous vous êtes fait peur jusqu’au bout?
On ne retient que la victoire. Il faut toujours tirer le positif de chaque situation. Donc on retient la victoire et pas le fait qu’on s’est fait peur. C’est toujours bon de gagner, c’est important pour nous. Et notre confiance.
Avec ce succès, vous terminez la phase aller avec le bon nombre de matches, mais sans avoir affronté le Basket Esch. Est-ce votre principal adversaire, cette saison?
Les Eschois ont remporté tous leurs matches jusqu’à présent. Ils sont vraiment très forts. Je pense que choisir Jackson-Cartwright comme Américain était la meilleure décision pour eux. Avec lui, ils ont un vrai meneur capable de gérer le jeu et qui peut trouver ses coéquipiers.
Vous ne regrettez pas de ne pas les avoir encore affrontés?
Non, ce n’est pas grave. On va les rencontrer à deux reprises en janvier. Je suppose qu’on sera prêt à ce moment.
Êtes-vous surpris de voir que le championnat est aussi serré?
Oui. Depuis que je joue en N1, c’est la première fois que ça arrive. Généralement, on peut dire à l’avance qui jouera les play-offs et qui sera en play-downs. Mais cette saison, tout le monde peut battre tout le monde. Ça se voit également au niveau du classement. À mon avis, c’est une belle réclame pour le basket au Luxembourg!

C’est seulement la deuxième fois que j’inscris le panier de la victoire.
La première fois, c’était lors du dernier match des finales contre le T71, la saison dernière

Pour le moment, vous êtes toujours en lice sur les deux tableaux. Au vu du jeu que vous produisez, le doublé vous semble réalisable?
Bien sûr, c’est notre but de défendre les deux titres. Pour le moment, on est dans les temps. Je pense que les gens oublient parfois qu’on est les tenants de la Coupe et du championnat même si on a déjà perdu trois fois cette saison.
Sur un plan personnel, vous êtes-vous fixé des objectifs?
De toujours rester positif. De faire tout ce qui est en mon pouvoir pour aider l’équipe à gagner.
Comment jugez-vous votre niveau actuel?
Je pense qu’à la fin de la saison passée, j’étais vraiment au top de ma forme. Maintenant, pour le moment, je suis plutôt satisfait de mes prestations. Je sais que je peux faire mieux. Notamment sur le plan défensif, pour le moment, mes adversaires me passent beaucoup trop facilement. Mais je suis convaincu que ça va encore venir.
Que manque-t-il à Etzella pour redevenir la fantastique machine à gagner de la saison dernière?
Plus de collectif et une meilleure défense!
On le sait, à Etzella, il y a beaucoup de très bons joueurs. Également parmi les jeunes. Quel conseil pourriez-vous leur donner alors qu’il est peut-être plus difficile de trouver sa place au Deich que n’importe où en N1?
Je leur dis toujours de faire le plus possible. Tous les jeunes font du très bon travail à l’entraînement. Joe (Martins), Sam (Wolter), Eric (Zenners), Alex (Pereira Meireles), Mathis (Wolff) et Yannick (Zimmer) sont des joueurs avec beaucoup de talent. Et je pense que dans peu de temps, ils vont le montrer sur le parquet.
Pas évident de se faire une place avec un tel effectif?
Oui, c’est dur. Si on regarde notre cadre, c’est compliqué de recevoir du temps de jeu quand tu es jeune. Mais je leur ai toujours dit qu’ils devaient saisir leur chance quand elle se présentait à eux.
Vous êtes actuellement deuxième du championnat. L’objectif c’est la première place?
L’objectif, c’est de gagner le plus de matches possible.
Et ça comprend également la Coupe. Vous avez eu de la chance au tirage pour le moment?
C’est bien, pour une fois que c’est le cas! On est en quarts de finale mais on sait qu’on doit quand même aller jouer à Mondorf. On doit aller là-bas et revenir avec la victoire, peu importe la manière. On ne doit surtout pas se dire que ça va être plus facile parce qu’ils sont en deuxième division. On doit les prendre au sérieux et faire de notre mieux!

Entretien avec Romain Haas