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Euthanasie : bien mourir

Ainsi, le petit nombre d’euthanasies pratiquées au Luxembourg serait dû en grande partie à un manque d’information du public. Les lois qui régissent la fin de vie ne font pas l’objet de vastes campagnes et la Commission nationale de contrôle et d’évaluation de la loi sur l’euthanasie a peiné pour obtenir du ministère de la Santé un petit financement destiné à réaliser une enquête d’opinion pour dresser un bilan des dix ans d’existence de la loi. Une attitude que la commission a jugée hostile alors qu’elle comparait les 52 000 euros de budget pour l’enquête confiée à TNS Ilres aux millions investis dans les soins palliatifs. Elle rappelait au gouvernement son intention de soutenir un «plan fin de vie» qui veillera à ce que le choix du patient soit respecté sans entrave.

Il y a certainement un problème d’information dans l’application de la loi de mars 2009 sur l’euthanasie. Mais ce taux très réduit de déclarations d’euthanasie ne pourrait-il pas aussi signifier que les millions investis dans les soins palliatifs ont servi à améliorer la fin de vie des patients? Il est autorisé de penser que le système palliatif est bon au Grand-Duché, qui développe un traitement de la douleur très efficace avec des médicaments pris en charge par la caisse de maladie, ce qui n’est pas forcément le cas dans les pays voisins avec qui l’on compare le taux d’euthanasie.

C’est peut-être, en règle générale, ce soin particulier accordé aux personnes âgées et aux malades qui explique le peu de recours à l’euthanasie. Mais qui sait? Une campagne d’information plus soutenue et des consultations médico-éthiques, comme le souhaite la commission de contrôle, changeront-elles la donne? La fin de vie se prépare, certes, mais les progrès de la science l’ont rendue plus douce pour certains, passant d’un palier à l’autre pour bien mourir. Si l’euthanasie n’est pas davantage pratiquée, c’est que le patient n’y songe pas. Ou son médecin.

Avant le vote de la loi, un sondage réalisé auprès des médecins a révélé que la grande majorité d’entre eux, de l’ordre de 70 %, se disaient prêts à choisir l’euthanasie en cas de souffrances extrêmes, mais s’ils devaient en pratiquer une sur autrui, la tendance était complètement inversée. L’information doit aussi cibler les médecins. Pas seulement les patients.

Geneviève Montaigu