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Les inégalités au Luxembourg, frein à l’apprentissage


Le fléau de l’illettrisme touche également le Grand-Duché, avec comme problématique de fond des inégalités scolaires liées au contexte familial.

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Malgré l’instruction, certains passent à travers les mailles du filet et se retrouvent, à l’âge adulte, handicapés dans leur quotidien, car ils ne savent pas bien lire ou compter. (Photo : archives LQ)

C’est suite à une question parlementaire du député André Bauler sur la situation de l’illettrisme au Grand-Duché que le ministre de l’Éducation nationale, Claude Meisch, est revenu sur le sujet. Comme souvent, pas de chiffres précis sur la situation dans le pays; le ministre se réfère aux études menées dans les pays voisins. Il faut dire qu’entre le multilinguisme et un taux élevé de non-nationaux résidant dans le pays, les méthodologies traditionnelles ne seraient pas applicables au Luxembourg. Différentes études nationales montrent, que ce soit en Angleterre, en Allemagne ou en France, que le taux d’illettrisme se situe entre 3 et 5 % de la population.

Dès 1991, la lutte contre l’illettrisme a été inscrite dans la loi comme l’une des missions du service de la formation des adultes (créé par la loi modifiée du 19 juillet 1991, il est chargé d' »assurer l’instruction de base des adultes résidant au Luxembourg qui en expriment le désir »). L’instruction de base vise, outre les personnes illettrées, les personnes issues de l’immigration qui n’ont jamais été scolarisées et qui se retrouvent en situation d’analphabétisme, ainsi que les personnes qui ont été alphabétisées dans un autre alphabet. L’Institut national des langues dispose d’une offre spécifique à l’intention, notamment, de la population chinoise.

> Tous les pays d’Europe frappés

Le groupe d’experts de haut niveau, mis en place en 2011 par la Commission européenne, a identifié l’illettrisme comme étant un problème de taille qui frappe tous les pays de l’Europe, freine la croissance économique et atteint l’individu dans sa capacité à évoluer en tant que particulier, citoyen actif, salarié ou parent. Les États membres sont invités à mettre en place des politiques visant au développement des compétences de base à tous les âges.

Le faible niveau de compétences de base atteint à l’issue de la scolarité obligatoire est la principale cause de l’illettrisme chez les personnes ayant été scolarisées au Luxembourg. Les résultats de l’étude nationale PISA permettent de chiffrer le nombre de jeunes qui, à l’âge de 15 ans, n’ont pas encore atteint le niveau 2, considéré comme niveau de base pour participer de façon efficace et productive à la vie en société. Les jeunes dont les compétences se situent au niveau 1 et en dessous peuvent être considérés comme une population à risque.

Il s’agit majoritairement d’élèves de l’enseignement secondaire technique et préparatoire qui ont déjà un retard scolaire significatif. D’après l’étude PISA, 8,3 % des élèves n’atteignent pas le niveau 1 en matière de lecture. Les résultats soulignent également que, dans le système éducatif luxembourgeois, les inégalités scolaires liées au contexte familial (statut socio-économique et arrière-fond de migration) sont extrêmement prononcées.

Pour tenter de contrer ce phénomène, depuis la rentrée 2014, des cours sont donnés sur treize sites au Luxembourg. Il s’agit des cours offerts par le service de la formation des adultes ainsi que par des communes et associations conventionnées.

De notre journaliste Audrey Somnard