Anne Grommerch (Les Républicains) va retrouver le fauteuil de maire de Thionville, après sa victoire nette et sans bavure dimanche (53,7%). Reportage.
19h15, ce dimanche 21 juin au soir à Thionville. Anne Grommerch entre dans la salle Jean-Burger vêtue de la robe couleur ciel qu’elle portait déjà en mars 2014, lorsqu’elle avait remporté l’élection municipale avec 77 voix d’avance. Une victoire annulée quelques mois plus tard par le Conseil d’État. Alors, superstitieuse, Anne Grommerch ? « Non, j’ai attendu d’être certaine du résultat pour enfiler cette robe », sourit-elle. Et elle a eu tout le temps pour se changer. Car dès l’ouverture des premières enveloppes, le résultat sautait aux yeux : sa victoire serait nette. Bertrand Mertz, déjà très en retard au premier tour, n’a pas réussi à mobiliser les abstentionnistes : 48,58 % des Thionvillois sont restés chez eux. C’était plié.
La députée des Républicains l’a finalement emporté avec 53,74 % des voix et 984 voix d’avance. Une claque, pour le socialiste Bertrand Mertz. De quoi combler de bonheur les supporters d’Anne Grommerch, exaltés par la détestation qu’ils vouent au camp adverse. Sitôt les résultats proclamés, ils ont d’ailleurs entonné un rageur « Et un, et deux, et trois, et quatre zéro », en référence aux quatre victoires de rang que leur camp vient d’aligner à Thionville : législative 2012, municipale 2014, départementale 2015 et donc municipale 2015. À chaque fois, Bertrand Mertz était dans le rôle du perdant.
Tension extrême
Mais ce dimanche, Anne Grommerch n’a pas affiché la moindre compassion à l’égard de son adversaire. Bien au contraire. « Je n’oublierai jamais toutes les attaques ignobles que j’ai subies, toute la méchanceté qui a plombé cette campagne. Je n’ai rien à dire à Bertrand Mertz. Je ne veux plus entendre parler de ce Monsieur. Nous continuerons à débattre au conseil municipal mais comme je l’ai fait pendant ces dernières semaines, je ne lui tendrai plus la main. »
Pendant cette campagne, elle a déposé plusieurs plaintes en diffamation suite aux révélations sur la fameuse affaire des procurations douteuses du scrutin de 2014. Vendredi, à l’avant-veille du scrutin, elle a même déposé une main courante pour faire constater qu’un colistier de Bertrand Mertz avait publié, sur Facebook, une photo de son domicile personnel.
Bertrand Mertz, le visage sombre, n’en revient toujours pas : « Elle a mis en place une stratégie très ingénieuse qui a fonctionné. Au début de la campagne, elle était doublement mise en cause par rapport à l’annulation de l’élection et à l’information judiciaire en cours dans l’affaire des procurations. Eh bien elle a réussi à renverser les choses en se faisant passer pour la victime d’attaques calomnieuses, sans dire d’ailleurs en quoi consistaient les calomnies. Elle a développé cette idée et les gens l’ont crue. »
Autant dire que la tension ne retombera pas de sitôt à Thionville. Il faudra bien, pourtant, remettre un peu de liant dans une ville qui a été le théâtre d’une interminable guerre de tranchées. « Je sors renforcée de ce scrutin, analyse Anne Grommerch. Je suis le maire de tous les Thionvillois et pas seulement des 53,74 % qui ont voté pour moi. Il est temps de rassembler cette ville et de repartir de l’avant. » Il est temps, en effet.
Anthony Villeneuve (Le Républicain lorrain)