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Congé politique : les bourgmestres au taquet


Le congé politique se base sur le nombre d'habitants et varie de 9 à 40 heures pour les bourgmestres. Mais beaucoup dépassent largement ce quota d'heures. (illustration Didier Sylvestre)

Revoir le congé politique, c’est ce que souhaitent la majorité des bourgmestres de ce pays qui estiment que leur congé politique ne suffit plus pour remplir correctement leur fonction. Le quotidien d’un bourgmestre raconté par trois d’entre eux.

Le sujet est sur toutes les lèvres dans les ateliers thématiques organisés dans le cadre de la réforme de la loi communale. Le bourgmestre de Remich, Jacques Sitz (DP), l’affirme et ne s’en étonne pas. Le congé politique dont bénéficient les membres d’un collège échevinal et particulièrement les bourgmestres n’est plus adapté à la réalité. «Si on ne change rien à ce niveau, alors il n’y aura plus de candidats pour exercer ce mandat, sinon des gens qui travaillent pour l’État ou des retraités», soutient de son côté Michel Gloden (sans étiquette), le bourgmestre de Schengen.

Lundi, nous les avons rencontrés à la maison communale de Mondorf-les-Bains où ils étaient venus pour une réunion avec leur homologue de la cité thermale, Steve Reckel (DP). Une de plus dans leur emploi du temps déjà chargé et qui ne connaît guère de temps mort. «Je peux avoir une journée bien organisée avec des réunions qui se succèdent et des journées sans rendez-vous où je pense avoir du temps pour avancer sur des dossiers, mais là tout le monde vient toquer à la porte pour régler un problème de service, parce que c’est ça aussi le quotidien d’un bourgmestre qui est souvent le dernier à prendre une décision», témoigne Steve Reckel.

Leur point commun est d’être à la tête de localités très touristiques : Remich, c’est une commune de 4 000 habitants qui en accueille 10 000 le week-end et en haute saison. Mondorf-les-Bains se targue de voir passer près d’un million de touristes sur une année avec son casino et ses thermes. Et Schengen n’est pas en reste. Les trois bourgmestres bénéficient d’un congé politique de 20 heures et leurs échevins de 10 heures. «Moi je suis retraité aujourd’hui, mais je peux vous dire qu’il arrive qu’on fasse 60 heures de travail dans la semaine parce qu’il y a aussi tout un travail de représentation, y compris le samedi et le dimanche», explique Jacques Sitz.

Le bourgmestre, un PDG mal loti

Le bourgmestre, c’est celui que l’on invite aux assemblées générales des associations de sa commune et il ou elle ne s’y rend pas les mains dans les poches. «On prépare des discours pour chaque événement de ce type et il faut trouver le temps de les rédiger», souligne Steve Reckel. Des discours, le bourgmestre est appelé à en prononcer beaucoup. Pas seulement pour les assemblées générales, mais aussi pour les cérémonies civiles, sans compter toutes les préparations de l’événement. Les enterrements et les mariages civils sont toujours plus nombreux et rassemblent souvent des dizaines d’invités. «Avant, un mariage te prenait un quart d’heure, car il y avait la cérémonie religieuse qui suivait. Mais c’est de moins en moins le cas aujourd’hui», poursuit le bourgmestre de Mondorf.

Le congé politique se base sur le nombre d’habitants et varie de 9 à 40 heures pour les bourgmestres, de 5 à 20 heures pour les échevins et de 3 à 5 heures pour les conseillers communaux. «Se baser sur la population ne suffit plus. Il faut prendre en compte le budget, la situation ou encore l’économie», suggèrent d’une seule voix les trois bourgmestres.

Quand ils comparent avec des grandes villes qui disposent de directeurs de service et notamment financiers, ils s’estiment quelque peu lésés. «Ici le directeur financier, c’est le bourgmestre. Si je compare avec une entreprise privée, c’est comme si le PDG devait lui-même s’occuper de commander le matériel de bureau ou du moins le choisir», explique Steve Reckel.

Selon eux, chaque commune devrait disposer d’un directeur financier et d’un juriste, mais les budgets ne le permettent pas. Idem pour les architectes et les ingénieurs, car les réformes se suivent et se succèdent et rendent plus difficile le quotidien des techniciens en place dans les communes depuis plusieurs décennies. «On ne dispose pas des gens en interne pour rédiger le plan d’aménagement général (PAG), ce qui représente un énorme travail», témoignent les trois bourgmestres. Le PAG de Mondorf, par exemple, a représenté six ans de travail.

Heureusement, les bourgmestres peuvent compter sur l’aide des services du ministère de l’Intérieur, mais ces derniers saturent.

Geneviève Montaigu