Figure attachante de l’affaire du double meurtre de Montigny-lès-Metz qu’elle avait relancée, Chantal Beining est décédée mercredi matin. Elle avait mené avec courage son combat pour faire condamner Francis Heaulme pour le massacre de son fils Cyril et son copain Alexandre, en 1986. Elle n’a rien pu faire face à la maladie.
Elle se disait apaisée. Après tout ce qu’elle avait vécu, cette émotion intense ressentie après la condamnation à la perpétuité de Francis Heaulme l’an dernier à Versailles, était sa victoire. Et sa revanche. Elle est partie mercredi matin avec ce poids en moins.
Après avoir souffert, beaucoup et longtemps, Chantal Beining avait gagné sa bataille judiciaire. Comme elle l’avait promis à « son Cyril ». Elle avait juré, sur sa tombe, qu’elle entreprendrait tout pour savoir qui se cachait derrière le massacre de Cyril et Alexandre Beckrich, un beau dimanche de septembre 1986, sur le talus SNCF de la rue Venizelos, à Montigny-lès-Metz. Ce petit bout de femme y avait mis toute sa détermination, et il en fallait beaucoup face à une justice longtemps sourde et insensible à ses demandes.
« Une affaire trop vieille », lui avait lancé un juge
Chantal Beining était devenue la figure d’une affaire comme aucune autre pareille. Le visage du combat d’une mère qui voulait savoir qui avait fracassé son enfant à coups de pierre. Avec son avocate Dominique Boh-Petit, elle portait le dossier à bout de bras. Elle l’a relancé en 2008 quand tout le monde lui tournait le dos et que la justice aurait aimé refermer cette affaire « trop vieille », lui a asséné un jour un magistrat plein d’empathie. Elle a tenu bon malgré les non-lieux, les recours, les reports. Elle a souvent flanché et beaucoup pleuré mais n’a jamais abandonné. « On ne pouvait qu’aimer cette femme », soupire, attristée, Me Boh-Petit, qui était son conseil, sa confidente, son amie.
On ne pouvait qu’aimer cette femme de 76 ans qui ne se plaignait jamais. La maladie était pourtant son compagnon de route. L’an dernier, faible et fragile, Chantal Beining, n’aurait jamais dû assister au procès en appel de Francis Heaulme devant la cour d’assises des Yvelines. C’était mal connaître ce tempérament qui s’était attiré les regards et les attentions bienveillantes autour d’elle. Au Café du port ou dans le bus qui l’amenait chaque jour au centre-ville pour sa promenade, son histoire était connue et touchait, bien sûr. Chantal Beining, c’était aussi un humour fin, beaucoup de générosité même si elle n’avait pas grand-chose.
Chantal Beining est partie. « Et elle me manque déjà », pleure Dominique Boh-Petit.
Kévin Grethen (Le Républicain Lorrain)