Le Royaume-Uni n’a jamais aussi mal porté son nom. Plus divisé que jamais, voilà que le pays entame une nouvelle semaine embuée dans un épais brouillard typiquement britannique teinté d’incertitude : après le fiasco du «Super Saturday» et la nouvelle demande de report de Brexit, qui est la conséquence du vote-surprise à la Chambre des communes de samedi après-midi, à quoi doit-on s’attendre ?
Si le feuilleton politique a tout d’abord passionné et enflammé les débats durant des mois et des mois à la suite du référendum de 2016, il commence désormais sérieusement à lasser et à agacer.
Négociateurs européens et simples observateurs se disent de plus en plus irrités face au marasme du Brexit, mais l’histoire semble véritablement sans fin et le spectacle de division offert à des millions de téléspectateurs, samedi, ne fait que conforter cette idée. Ce jour-là, le long plaidoyer anti-Brexit du leader du Parti national écossais (SNP) à la Chambre des communes, Ian Blackford, a suffi à lui seul à rappeler les divisions que connaît ce royaume soi-disant uni.
Tout au long de la même superbe journée de ce «Super Saturday», ils ont été des milliers de Britanniques à descendre dans les rues de Londres pour y crier leur désarroi et leur volonté de prendre part à un second référendum. Nombre d’entre eux avaient répondu «leave» (quitter) à la fameuse question «Le Royaume-Uni doit-il rester un membre de l’Union européenne ou quitter l’Union européenne ?», mais ils s’estiment désormais lésés, car ils n’auraient pas été informés en bonne et due forme des conséquences d’un potentiel Brexit.
Mais maintenant que tout semble clair aux yeux de ces pro-Brexiters qui ont entretemps retourné leur veste, pourquoi ne pas organiser un deuxième, voire un troisième référendum qui viendrait confirmer le résultat du deuxième, ou contredire celui du premier… si ce n’est l’inverse ? En attendant, personne n’y comprend plus rien et l’on a juste envie de s’en remettre au ciel, tout en espérant, à voix forte : «God save the UK», car le Royaume-Uni est plus que jamais… désuni.
Claude Damiani