Un mouvement social en France perturbe la circulation des trains dimanche pour le troisième jour consécutif, avec un risque d’enlisement après que le ton est monté entre les syndicats de l’opérateur ferroviaire d’une part, la direction et le gouvernement de l’autre.
Selon la SNCF, la société nationale des chemins de fer, la situation diffère d’une région à l’autre: « la reprise est nette » dans certaines régions, comme la région parisienne, et sur les trains grandes distances, mais le trafic reste « très difficile » ailleurs, comme en Occitanie (Sud-Ouest) ou en Champagne-Ardenne (Nord-Ouest), a indiqué la direction de l’opérateur ferroviaire. Les agents de la SNCF ont cessé le travail après un accident de train, mettant en lumière, selon eux, le manque de personnel à bord. Pour cela, ils ont fait valoir leur « droit de retrait », permettant à un salarié de cesser le travail en cas « de danger grave et imminent pour sa vie ou sa santé ». Mais la direction de la SNCF et le gouvernement estiment que le droit de retrait n’est pas justifié et dénoncent « une grève sauvage ».
Le Premier ministre Édouard Philippe a fustigé samedi un « détournement du droit de retrait » et a « demandé à la SNCF d’examiner toutes les suites qui pouvaient être données, notamment judiciaires ». Pour Julien Troccaz du syndicat SUD-Rail, la SNCF et l’exécutif « jouent le pourrissement total » du conflit. « On est dans une situation de blocage », résume un autre syndicaliste, Didier Mathis de l’Unsa ferroviaire, pour lequel « s’il n’y a pas d’avancée de la part de la direction, on peut supposer que le mouvement va se poursuivre, car le problème de danger n’est pas réglé ».
C’est un accident survenu mercredi soir qui a causé la colère. Un train reliant Charleville-Mézières, près de la frontière belge, à Reims, à environ 85 kilomètres plus au sud, a percuté un convoi routier exceptionnel coincé sur un passage à niveau. Il y a eu « onze blessés », dont certains ont été hospitalisés, selon les autorités. Or, le conducteur du train, lui-même blessé, a dû s’occuper des passagers car il était le seul agent SNCF à bord, faute de contrôleur. Les syndicats contestent précisément cette absence de contrôleur, évoquant des risques de sécurité pour les voyageurs, alors que selon la direction ce système existe « depuis des dizaines d’années ».
LQ / AFP