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[Cyclisme] : Michel Ries, qui connaît le col de la Loze prédit une étape terrible sur le Tour 2020


Michel Ries se souvient des pentes terribles et irrégulières du col de Loze, sommet du Tour 2020 (Photo : Gerry Schmit/Tageblatt)

Le 23 août dernier, Michel Ries, qui portera le maillot Trek-Segafredo en 2020, terminait deuxième de la huitième étape du Tour de l’Avenir. À douze secondes du vainqueur, l’Australien Alexander Evans. L’étape n’avait duré qu’un peu plus d’une heure. Et pour cause, il s’agissait d’un tracé extrêmement court puisqu’il n’y avait que 23,1 kilomètres à couvrir, entre Brides-les-Bains et le sommet du col de la Loze. Il raconte…

Quelle impression vous a laissé ce col de la Loze?
Michel Ries : D’abord, notre étape était très spéciale car exceptionnellement courte. On montait ce col depuis Brides-les-Bains. C’était la première fois qu’une course empruntait la route, ou du moins les sept derniers kilomètres. C’était un peu comme une nouvelle expérience. La route avait été faite pour les cyclistes, mais les voitures avaient des difficultés pour monter en course tellement c’était étroit et raide. Ce n’est pas tous les jours qu’on voit ça. Et puis, c’était vraiment dur comme col. Jusqu’à Méribel, ce n’est pas trop difficile. C’est après que ça se corse. Sur la piste cyclable.
Si on devait résumer?
Je dirais qu’on roule sur un petit chemin, très, très irrégulier et difficile. On passe par tous les pourcentages possibles. De 20 %, à du plat. Il y a même des petites descentes. Toute la montée s’avère difficile. Terrible. Les rouleurs vont souffrir sur cette ascension. Il faut être un pur grimpeur pour s’exprimer là. Ce sont des pentes extraordinaires. Un rouleur va beaucoup souffrir.

Ce col offre une vue incroyable sur nos rivaux sur le final

Un travail d’équipe est-il possible, selon vous?
Jusqu’à sept kilomètres du sommet, oui. Mais pas après. Ce sera du chacun pour soi. Les grimpeurs légers vont s’exprimer sur ce terrain-là, je le répète. Et ce qui m’a marqué, c’est qu’une fois qu’un écart se crée, c’est très difficile de le combler. On peut voir un coureur pas loin de vous, à quelques dizaines de mètres seulement et il a déjà quinze secondes d’avance sur vous. Il n’y a pas beaucoup de cols où c’est le cas. C’est donc très difficile de boucher un trou. Moi, j’ai monté deux fois ce col. Une fois en reconnaissance, lors de l’étape de repos, deux jours avant la course. Et donc dans la course. C’est un col qui laisse une impression bizarre. Tu ne pas monter là en te disant que tu vas monter tranquillement. Et puis une route si dure et si étroite, tu ne trouves jamais ça dans les Alpes.
C’est donc la plus dure que vous connaissez?
Oui, car la plupart des cols dans les Alpes sont larges et ça change tout. Et puis là, on va jusqu’à 2 300 mètres. On passe le seuil des 2 000 mètres.
Pour que les connaisseurs aient une idée, avec quel braquet étiez-vous monté?
J’avais mis un braquet de 39×30 dans la partie la plus raide, à 20 %. Mais dans cette montée, j’étais aussi repassé sur le grand plateau, dans les petites descentes que j’évoquais tout à l’heure.
À votre avis, il se passera quoi, le 15 juillet prochain, à l’issue de la 17e étape entre Grenoble et ce col de la Loze?
Comme ils vont escalader le col de la Madeleine par un versant plus étroit que dans sa version habituelle, j’imagine bien qu’ils ne soient qu’une trentaine au pied du col de la Loze. Mais est-ce que les favoris passeront à l’attaque pour autant? Je me pose la question. Quand c’est trop dur, les leaders préfèrent attendre le plus possible pour ne pas s’exposer à un contre, en cas de défaillance. C’est donc possible que cette étape ne se décante que dans les deux derniers kilomètres. De toute façon, ce col de la Loze offre une vue incroyable sur nos rivaux sur le final. Contrairement à d’autres cols, tu vois bien les coureurs placés devant toi. Et ça aussi c’est dur pour le mental.

Recueilli par Denis Bastien