Accueil | Politique-Société | Affaire Traversini : Stop Corrupt veut de l’ordre dans les rangs

Affaire Traversini : Stop Corrupt veut de l’ordre dans les rangs


En gros, il faut laisser faire la justice, nous dit l'association de lutte contre la corruption (Photo : Alain Rischard).

L’association Stop Corrupt s’est dit qu’il était temps d’entrer en scène pour remettre tout le monde à sa place. Dans l’affaire Traversini-Dieschbourg, les députés sont allés trop loin, les journalistes aussi…

L’association Stop Corrupt, anciennement Transparency International Luxembourg, se saisit à son tour de l’affaire Traversini, mais pour mettre le holà. Et du coup, elle aura réussi à faire dresser les poils d’une partie des députés et des journalistes à travers un premier communiqué balancé mercredi dernier. L’association qui lutte contre la corruption a jugé que la plupart des nouveaux développements dans le cas Traversini-Diechbourg «ne sont cependant pas des révélations de nouveaux faits avérés, mais bien trop souvent des agissements politiques avec peu de substance, apparemment dans un but de tirer profit politique d’une possible « affaire »».

Wolter n’aurait pas été dans son rôle

Si les députés écolos ont salué cette intervention, ce qui est compréhensible s’agissant d’une affaire concernant deux membres de leur parti, certains autres se sont demandé quelle mouche avait bien pu piquer Stop Corrupt qui a remis les parlementaires à leur place. De la substance, Michel Wolter en a charrié pendant une heure jeudi matin à la tribune de la Chambre en déroulant tout le film de l’affaire. Il n’était pas dans son rôle, nous dit en substance Stop Corrupt, qui déclare que la seule et unique fonction de la commission de l’Environnement est de discuter et d’aviser des projets de loi. «Elle commence non seulement à enquêter elle-même sur les faits de l’affaire litigieuse, mais également contre le ministre de l’Environnement et même contre la famille de Madame le ministre», s’offusque l’association. Les députés, eux, ont lu dans la Constitution que seule la Chambre a le droit d’accuser les ministres.
Dans les rangs de l’opposition, on en rajoute encore une couche en annonçant que le dossier concernant la famille de Carole Dieschbourg à Echternach fera l’objet d’un autre débat. Pour Stop Corrupt, c’en est trop et elle met en garde directement ceux qui se sont acharnés sur la cabane de jardin de Roberto Traversini. «La lutte contre la corruption ne doit pas devenir une arme politique ou un moyen du populisme politique», nous dit-elle.

Les journalistes (injustement ?) épinglés

Au passage, elle égratigne les journalistes qu’elle accuse de s’ériger «en détectives privés». Pourtant, sans la presse, il n’y aurait peut-être pas eu d’affaire et Roberto Traversini siègerait encore à la Chambre des députés, ni vu ni connu.
«Nous n’avons rien contre le quatrième pouvoir, bien au contraire, nous sommes ravis qu’il existe au Luxembourg une presse d’investigation», rassure Jean-Jacques Bernard, directeur de Stop Corrupt. Pourquoi ce coup de gueule, alors? «On voulait dénoncer une certaine dérive aujourd’hui que l’on peut observer aussi sur les réseaux sociaux, où tout le monde peut aller photographier la cabane de jardin de son voisin, la poster sur Instagram et mettre des gens au ban de la société qui ne le méritent pas vraiment», se justifie-t-il.
Se proclamant «très légaliste», l’association Stop Corrupt milite pour la création d’une autorité administrative indépendante qui veillerait sur le respect des codes de déontologie qu’il est maintenant urgent d’élaborer.

Pantouflage, favoritisme…

«Si une telle autorité existait, elle se serait autosaisie de l’affaire Traversini et nous n’aurions pas eu cette discussion aujourd’hui», nous affirme Jean-Jacques Bernard. L’association demande au gouvernement de réagir et de renforcer l’arsenal législatif pour mieux lutter contre la corruption.
Les récents exemples l’ont convaincue de recadrer les choses. Il y a eu, pêle-mêle, le départ du commissaire du gouvernement à l’Énergie, Tom Eischen, vers le secteur privé dans le même secteur de l’énergie. Bien plus grave que le pantouflage, il y a eu l’affaire des détournements de fonds à la commune de Hesperange, puis l’affaire Traversini avec ses soupçons de favoritisme.
«Le manque d’éthique et de probité, le pantouflage, le favoritisme, les conflits d’intérêts et la régulation des lobbies sont des fléaux de la démocratie et l’adoption de règles claires pour tous est non seulement protecteur de notre système démocratique mais également pour les acteurs de la vie publique qui ne pourront plus se voir reprocher tel ou tel fait dès lors qu’il est conforme à la règle», déclare l’association.

Geneviève Montaigu