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La sécurité a un prix

La semaine dernière, les habitants du quartier Gare à Luxembourg sont montés sur les barricades pour dénoncer une situation sécuritaire qui ne cesse d’empirer. Tous les efforts entrepris ces dernières années par la police n’ont pas encore permis de lutter plus efficacement contre le trafic de stupéfiants.

Dans ce contexte surchauffé et marqué par la peur, la revendication d’un plus grand nombre de caméras de surveillance dans le quartier se multiplie. La Ville de Luxembourg avait elle-même demandé en vain de pouvoir installer des caméras dès le début de cette année à Bonnevoie. Mais cette même Ville de Luxembourg avait remis en question l’ensemble du réseau de vidéosurveillance de la police en 2011 lors de l’avènement au pouvoir de la coalition DP-déi gréng. Principale raison du refus temporaire de prolonger le projet : la criminalité se déporte vers d’autres quartiers, qui ne sont pas équipés de caméras.

En 2011, un certain François Bausch était échevin à Luxembourg. Près de huit ans plus tard, il est ministre de la Sécurité intérieure. Avouant qu’il n’est toujours pas un «fétichiste» des caméras de surveillance, François Bausch ne remet plus en question la nécessité de la vidéosurveillance. Avant d’élargir le réseau, il veut toutefois renforcer le cadre légal et définir des critères d’autorisation plus stricts.

Quoi qu’il en soit, les caméras surveillant les mouvements dans les rues n’ont pas seulement un coût matériel. Chaque citoyen doit accepter un sacrifice pour voir sa sécurité augmenter. Il doit en effet abandonner une partie de son droit à la vie privée. Et c’est précisément à ce niveau que se déchirent depuis des mois opposition et majorité. Le CSV remet en cause les fichiers de la police et de la justice permettant notamment d’identifier des auteurs présumés d’infractions. La majorité se dit prête à apporter les corrections législatives nécessaires. Mais pour l’instant, tout le monde s’acharne sur une cabane de jardin. Et le dialogue de sourds sur les fichiers reste aussi de mise. Pendant ce temps, les malfrats font la fête dans la rue…

David Marques