Le Premier ministre britannique Boris Johnson détaillera mercredi « l’offre finale » sur la sortie de l’UE qu’il soumettra à Bruxelles, dans son discours de clôture du congrès du Parti conservateur, en posant un ultimatum : c’est à prendre ou à laisser.
Selon ses services, ces propositions formelles doivent permettre de conclure « un compromis juste et raisonnable » pour éviter un Brexit sans accord, aux conséquences potentiellement chaotiques pour l’économie britannique. Mais « si Bruxelles ne noue pas le dialogue sur cette offre, alors ce gouvernement cessera de négocier jusqu’à ce que nous ayons quitté l’UE » le 31 octobre, ont-ils prévenu dans un communiqué.
A 29 jours de la date prévue pour le départ du Royaume-Uni de l’UE, le temps presse pour trouver un accord de divorce. Celui négocié par Theresa May, la prédécesseure de Boris Johnson, avait été rejeté à trois reprises par le Parlement britannique, mécontent notamment du « filet de sécurité » (ou « backstop » en anglais), mécanisme visant à éviter le retour d’une frontière en Irlande entre la province britannique du Nord et la république membre de l’UE au sud, après le Brexit.
L’Irlande du Nord dans l’UE jusqu’en 2025
Selon le journal The Telegraph, la nouvelle proposition britannique prévoit que l’Irlande du Nord reste dans le marché unique européen jusqu’en 2025, tout en formant une union douanière avec le Royaume-Uni. Il y aurait donc en quelque sorte deux frontières : des contrôles douaniers entre les deux Irlande et des contrôles réglementaires en mer d’Irlande, qui sépare la Grande-Bretagne de sa province nord-irlandaise. Sous sa forme actuelle, le « backstop » prévoit de maintenir le Royaume-Uni tout entier dans une union douanière avec l’UE, ainsi qu’un alignement règlementaire sur l’UE plus poussé pour l’Irlande du Nord.
« Je ne vais pas prétendre que ce sera facile (…) mais nous avons fait d’énormes progrès et j’espère que nous y arriverons dans les prochains jours », a déclaré mardi soir Boris Johnson lors d’un événement organisé en marge du congrès des tories à Manchester.
La perspective du rétablissement d’une frontière entre les deux Irlande en cas de « no deal » inquiète particulièrement Dublin, qui y voit une menace pour la paix en Irlande du Nord, difficilement établie en 1998 après trois décennies de violences entre des républicains nationalistes (catholiques), partisans de la réunification de l’île, et loyalistes unionistes (protestants), défenseurs du maintien dans la Couronne britannique.
« Réalisons le Brexit ! »
Toutefois, en cas d’échec des négociations, « en aucune circonstance » Boris Johnson ne demandera de report du Brexit à Bruxelles. Une loi lui impose pourtant de demander un nouveau report s’il n’obtenait pas d’accord avec l’UE d’ici le 19 octobre, juste après le prochain sommet européen. « Réalisons le Brexit ! », doit-il dire devant les militants, selon des extraits de son discours communiqués à l’avance.
Plébiscité par la base de son parti, Boris Johnson est arrivé au pouvoir fin juillet en promettant de réaliser le Brexit coûte que coûte. Dans la même veine, il se présentera dans son discours comme le sauveur du Brexit, voté en 2016 par 52% des Britanniques, face au leader de l’opposition travailliste, Jeremy Corbyn, qui a refusé de prendre position en faveur du retrait ou du maintien. Un appel du pied du dirigeant tory aux électeurs soutenant le « Leave » alors que se profilent des élections générales anticipées au Royaume-Uni.
En précampagne électorale, l’exécutif a multiplié les promesses d’investissements dans les services publics. Jusqu’ici, la stratégie de Boris Johnson a systématiquement été mise en échec par le Parlement, où il ne dispose plus de majorité. Les tensions avec les députés ont atteint un nouveau paroxysme la semaine dernière après l’annulation par la Cour suprême de sa décision de suspendre le Parlement durant cinq semaines. Dans un pied de nez aux députés, qui avaient refusé une pause parlementaire durant la tenue du congrès, comme le veut pourtant l’usage, Boris Johnson s’exprimera à Manchester au lieu de participer à la traditionnelle séance du mercredi de questions au Premier ministre.
LQ/AFP