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[Expo] Art et algorithmes : vers l’infini et au-delà !


L'exposition "If then Else", signée du collectif bruxellois LAb[au], est à voir au Casino de Luxembourg jusqu'au 5 janvier (Photo :DR / LAb[au]).

Pour sa rentrée, le Casino de Luxembourg invite le singulier collectif bruxellois LAb[au], qui s’interroge sur la relation entre art et langage algorithmique à travers toutes une palette d’outils (mots, signes, codes…). Découverte.

Que ceux qui se baladent devant le Casino, boulevard Roosevelt, ne soient pas étonnés par la nouvelle enseigne lumineuse, cherchant, aléatoirement – et compulsivement –, à composer un mot de six lettres puisé dans le français, l’allemand, l’anglais et le luxembourgeois. Si la signalétique entière du musée a fait récemment peau neuve, celle-ci est l’œuvre du collectif bruxellois LAb[au], trio branché technologie, physique quantique et histoire de l’art.

Surprenant «langage esthétique, visuel, numérique»

Une obsession qu’il traduit à travers un surprenant «langage esthétique, visuel, numérique», selon les dires de Kevin Muhlen, directeur des lieux, qui précise pour mieux introduire le travail de ses nouveaux invités : «La technologie ne doit pas être une fin en soi, mais plutôt le point de départ d’une réflexion artistique.» On y est, d’emblée, avec ce titre, «If Then Else », qui ramène à la logique de programmation, ses réflexes algorithmiques, ses calculs sans fin.

Suivant les principes de la cybernétique, LAb[au] élabore ainsi des processus et systèmes basés sur des règles définies, qui, mises en place, deviennent l’acte artistique, définissant le processus de création, le contenu et le message même de l’œuvre. En somme, un art comme code. On retourne à l’enseigne et aux mots de Manuel Abendroth, l’un des membres de LAb[au]. «Il y a autant de chance de voir apparaître un jour le mot « Casino » que de gagner au loto!», lâche-t-il dans un rire.

Écouter ce que Pi «nous raconte»…

À l’intérieur de l’établissement, cette science de l’aléatoire, servie par une palette d’outils (mot, signe, code) et de sens (mouvement, couleur, géométrie, lumière), s’étale à travers une galerie d’œuvres singulières. Et inventives. Invoquant, pêle-mêle, l’horloge circulaire (et cyclique) de Dondi, la machine à calculer de Leibniz, les travaux en mathématique et philosophie du langage de Wittgenstein ou le métier à tisser Jacquard – «le premier software!» – le collectif s’amuse à voir leurs créations suivre leur propre logique, indépendantes.

Il propose notamment d’écouter ce que le nombre Pi «nous raconte» (et par extension, l’univers), seule chose véritablement aléatoire connue qui «contient toutes les combinaisons de tous les chiffres possibles». Pour les fans de probabilités, et les infortunés, LAb[au] dévoile des bacs à fleurs composés de multiples trèfles à quatre feuilles (modifiés génétiquement), histoire de transformer le concept de chance. «Bon, après, les gens cherchent des trèfles à cinq feuilles!», souffle, malicieux, Manuel Abendroth. Bien sûr, la figure de l’échiquier – «à la base du langage binaire» – est également présente, et qui, dans un subtil jeu d’ombre et de lumière, choisit ses propres enchaînements de formes.

Avec sa page blanche virant au noir – traduit, physiquement, dans un lexique-code de «tous les possibles», ses infinités de combinaisons à partir d’éléments géométriques simples (ou de chiffres), ses gammes chromatiques saisissant le temps qui passe – «comme Monet avec la cathédrale de Rouen» ou encore son monochrome «radioactif», voué à disparaître (dans 1 600 ans tout de même!), le collectif LAb[au] donne le tournis, entre états binaires et logiques numériques, réussissant, au passage, à rendre attractif une approche conceptuelle qui peut vite s’avérer barbante et casse-tête.

Grégory Cimatti

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