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France : l’ex-Premier ministre Balladur sera jugé pour corruption


Édouard Balladur, 90 ans, ici aux obsèques de Jacques Chirac lundi, dont il fut Premier ministre. (photo AFP)

L’ancien Premier ministre français Édouard Balladur, 90 ans, sera jugé pour « complicités d’abus de biens sociaux » par un tribunal spécial dans une affaire de possible financement politique occulte, au cœur de contrats d’armements signés avec le Pakistan et l’Arabie Saoudite, a annoncé mardi le parquet.

L’ancien ministre de la défense François Léotard, 77 ans, sera également jugé dans cette affaire par la Cour de justice de la République (CJR), a ajouté le procureur général François Molins dans un communiqué. Instance controversée, la CJR est le seul tribunal habilité à juger des membres du gouvernement pour des faits commis dans l’exercice de leurs fonctions.

Les deux anciens responsables étaient mis en examen (inculpés) depuis 2017 dans cette affaire, dite de Karachi, qui doit son nom à l’attentat du 8 mai 2002 qui avait fait quinze morts, dont onze employés français de la Direction des chantiers navals, et blessé douze autres dans la ville portuaire pakistanaise. Les victimes travaillaient à la construction d’un des trois sous-marins vendus à ce pays sous le gouvernement d’Édouard Balladur (1993-1995).

L’enquête antiterroriste, qui privilégiait initialement la piste d’Al-Qaïda, explore depuis 2009 la thèse de possibles représailles à la décision de Jacques Chirac, tombeur d’Édouard Balladur à l’élection présidentielle de 1995, d’arrêter le versement de commissions dans ces contrats après son élection. En creusant cette hypothèse, les magistrats avaient acquis la conviction que les comptes de campagne pour l’élection présidentielle de 1995 de Balladur, pourtant validés, avaient été en partie financés par des rétrocommissions en France – illégales -, à hauteur de 13 millions de francs (près de 2 millions d’euros), en marge de ces contrats de sous-marins au Pakistan et de frégates à l’Arabie Saoudite.

Les deux mis en cause affirment n’avoir joué aucun rôle dans le financement de la campagne.

LQ/AFP