Le gouvernement est dans l’expectative. Avant de décider d’une politique en matière de prostitution, il écoute la plateforme, observe les voisins et attend les députés.
[Best_Wordpress_Gallery id= »26″ gal_title= »Prostitution »]Le gouvernement n’envisage pas l’autorisation des maisons closes au Luxembourg. (Photo : AFP)
Le débat d’orientation sera au programme des députés. Le gouvernement sait déjà qu’il ne copiera pas de modèle, qu’il soit suédois, allemand ou français mais qu’il trouvera un modèle luxembourgeois, «plus pragmatique», axé sur la prévention et la formation. Il s’agit surtout de sortir de la prostitution.
« Le gouvernement n’a pas encore arrêté sa décision », prévient la ministre de l’Égalité des chances, Lydia Mutsch. Elle a en revanche étudié avec le plus grand soin le rapport intermédiaire de la plateforme « prostitution » mise en place en octobre 2012 par le gouvernement précédent, et qui rassemble des représentants des ministères de l’Égalité des chances et de la Justice, de la police judiciaire, du Parquet général, de la « HIV Berodung », du « DropIn » et du service d’Intervention sociale de la Ville de Luxembourg.
Si les modèles des autres pays européens ne manquaient pas à l’étude, c’est pourtant vers un modèle luxembourgeois que se tourne le gouvernement qui veut privilégier une stratégie dite «Exit» permettant aux prostitué(e)s d’abandonner ce milieu.
Une démarche dans laquelle l’Adem (Administration pour le développement de l’emploi) est associée. Sa directrice, Isabelle Schlesser, a proposé « d’intégrer les prostitué(e)s souhaitant quitter le milieu dans les initiatives dites « sociales », donc des mesures de réinsertion professionnelle, qui proposent pour une période de deux ans un contrat de travail à durée déterminée dans différents secteurs (nettoyage, jardinage…), des possibilités de formation ainsi qu’un encadrement social très important, en raison de l’état de vulnérabilité des personnes concernées. Leur intégration dans ces mesures permet de stabiliser les prostitué(e)s et de créer de nouvelles perspectives », selon le rapport de la plateforme.
Il est question de mettre des logements d’urgence à leur disposition et deux studios sont prévus à cet effet par la Croix-Rouge luxembourgeoise.
La démarche luxembourgeoise privilégie également une extension du « street work » par les différents ministères et administrations communales ainsi qu’une meilleure formation des acteurs concernés en matière de traite des êtres humains. Il s’agit ici pour les agents de police et le personnel des services sociaux de pouvoir mieux identifier les victimes de la traite.
> Vers un modèle abolitionniste
La discussion d’un modèle luxembourgeois reste ouverte, d’autant qu’il sera à l’ordre du jour de la Chambre des députés. Les différents modèles pourront y être débattus, mais ce sont surtout les discussions en cours en Allemagne et en France, deux pays qui réforment leurs lois sur la prostitution, qui retiennent l’attention du gouvernement. Concernant le cadre légal du modèle grand-ducal, les deux ministres suivent donc de très près les débats actuellement menés dans ces deux pays qui entendent changer leurs législations respectives en matière de prostitution.
Le modèle suédois, prohibitionniste, pénalise toutes les actions relatives à la prostitution. La plateforme doute cependant de son efficacité. Le régime réglementaire, appliqué notamment en Allemagne, aux Pays-Bas et en Suisse, est plus tolérant et prévoit des conditions d’autorisation pour les établissements (« bordels », Eros-Center). Un modèle impensable pour le Luxembourg qui condamne le proxénétisme comme la traite des êtres humains.
Le système luxembourgeois pencherait davantage vers le régime abolitionniste en cours en France, Belgique ou encore en Espagne, qui vise à moyen terme, l’abolition de la prostitution.
Sur le plan législatif, le ministre de la Justice, Félix Braz, a indiqué que de légères modifications interviendraient dans le code pénal et le code d’instruction criminelle, afin de faciliter la lutte contre la traite des êtres humains.
De notre journaliste Geneviève Montaigu