Questions stupides, passagers insupportables, dragueurs incorrigibles… La vie d’une hôtesse de l’air racontée dans un petit livre par Isabelle Tronquet, chef de cabine sur les vols long-courriers d’une grande compagnie aérienne, connaît souvent bien des turbulences.
Rencontrée à Paris lors d’une brève escale, Isabelle Tronquet assure que toutes les anecdotes compilées dans son livre, Attachez vos ceintures… Décollage immédiat, sont vraies, même les plus extravagantes.
«Nous chouchoutons nos passagers, leur donnons beaucoup de nous-mêmes. Nous ne sommes satisfaites que lorsqu’ils sortent de l’avion le sourire aux lèvres, contents d’être en vacances, reposés. C’est ce qui nous fait continuer et nous redonne l’envie de donner ! Et pourtant ils mettent parfois la barre très haut», s’amuse l’hôtesse qui exerce son métier depuis 15 ans.
Parmi ses souvenirs les plus marquants, celui de cette passagère qui se plaint d’affreuses douleurs au ventre alors que l’avion survole l’Atlantique. La femme explique qu’elle est enceinte. «Nous envisageons tout de suite le pire», explique Isabelle Tronchet. Un appel est lancé dans l’appareil pour savoir s’il y a un médecin à bord. L’équipage prévoit déjà un plan pour dérouter l’avion. Coup de chance, une gynécologue se trouve à bord. «Le médecin propose à la femme un toucher vaginal pour vérifier l’état de son col et la femme accepte», raconte, encore stupéfaite, l’hôtesse de l’air.
Vérification faite, le diagnostic tombe rapidement : «la femme n’est pas enceinte. La passagère nous a avoué plus tard qu’elle voulait être surclassée d’où son stratagème».
Mais les problèmes les plus fréquents sont dus à des passagers qui ignorent que l’alcool et l’altitude ne font pas bon ménage. «Il y a ceux que l’alcool rend agressifs mais aussi ceux qui, d’un coup, se sentent moins timides».
« Le club des 10 000 »
«Ça rapproche les gens ! lâche Isabelle Tronquet dans un éclat de rire. Des gens se rencontrent et s’aiment… beaucoup… sous l’effet de l’alcool.» Car «faire l’amour en avion reste le fantasme number one à bord», assure-t-elle avant de préciser qu’«on passe du fantasme à la réalité bien souvent».
«Nous nous en rendons compte car nous sommes tenues d’inspecter les toilettes toutes les quinze minutes pour la sécurité et la propreté. Il arrive souvent que nous soyons obligées d’attendre devant la porte. Ça ne se libère pas jusqu’à ce que nous voyons deux personnes sortir», raconte-t-elle tout sourire. Ces couples rejoignent ainsi le «club des 10 000», nom ironique donné par le personnel de bord à ceux qui ont fait l’amour à 10 000 mètres d’altitude.
Certains passagers font des demandes étonnantes. Ainsi un homme veut une place près du hublot car il voudrait «prendre l’air pendant le vol». Un autre se plaint du «goût infect des bonbons orange» avant que l’hôtesse constate qu’il parle des bouchons d’oreilles.
Le personnel lui-même n’échappe pas aux bourdes. A un passager qui demande qu’on incline son siège, l’hôtesse répond d’appuyer sur le bouton de l’accoudoir avant de constater que l’homme n’a pas de mains. A un autre arrivant avec des béquilles dans l’appareil, un steward demande s’il s’agit d’un accident de ski avant que le passager réponde : «non , sclérose en plaques».
Des situations qui, même si elles sont parfois gênantes, ne manquent pas de détendre l’atmosphère à bord!
Le Quotidien/AFP