De nouvelles scènes de violence ont émaillé des manifestations interdites à Hong Kong dimanche soir, la police ayant recours aux lacrymogènes et canons à eau contre des militants pro-démocratie qui jetaient des pierres et des cocktails Molotov.
Des dizaines de milliers de personnes avaient bravé cet interdit pour descendre à nouveau dans les rues et se répandre dans les artères allant de Causeway Bay à Central, les quartiers du centre de l’île de Hong Kong. Et, dans un spectacle devenu très courant en plus de trois mois de contestation, le rassemblement a dégénéré en violences entre policiers et groupuscules radicaux qui tentaient de s’en prendre au complexe abritant le siège de l’exécutif.
Les forces de l’ordre ont tiré de nombreuses grenades lacrymogènes et les canons à eau ont projeté leur liquide coloré en bleu sur les manifestants qui avaient lancé des pierres et des cocktail Molotov par-dessus les barrières érigées autour du complexe gouvernemental. Des images des télévisions locales ont montré des manifestants qui déchiraient et brûlaient une banderole célébrant le prochain 70e anniversaire de la fondation de la Chine communiste, incendiant également un drapeau chinois.
Protesters throw petrol bombs at Hong Kong’s government headquarters. Police respond with tear gas https://t.co/hcxBzWWxZV pic.twitter.com/FSwnvjjRHE
— Bloomberg Asia (@BloombergAsia) September 15, 2019
Avant de battre en retraite devant les policiers anti-émeutes, certains manifestants avaient monté des barricades, allumé des feux et vandalisé des stations de métro, évitant toutefois l’affrontement direct. Ces incidents mettent un terme à quelques jours de trêve relative des incidents entre policiers et manifestants. Des projets de manifestations ou de grèves pour les semaines à venir pullulent en ligne, à l’approche de deux anniversaires-clefs: le 28 septembre pour marquer les cinq ans du début du « Mouvement des parapluies » de 2014 et le 1er octobre pour le 70e anniversaire de la fondation de la République populaire de Chine.
L’ex-colonie britannique traverse depuis précisément 99 jours sa plus grave crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des actions et manifestations quasi-quotidiennes pour demander des réformes démocratiques ou dénoncer une riposte policière jugée brutale par les contestataires. Cette mobilisation est un défi sans précédent pour le gouvernement central chinois et pour l’exécutif hongkongais.
Conformément à la Déclaration sino-britannique de 1984 qui avait présidé à la rétrocession, Hong Kong est une région semi-autonome dirigée sous le principe « Un pays, deux systèmes », et jouit à ce titre de libertés inconnues dans le reste de la Chine, et ce jusqu’en 2047. Mais les militants pro-démocratie accusent Pékin de s’asseoir sur ses promesses en augmentant son emprise politique sur le petit territoire et en refusant de lui accorder un véritable suffrage universel.
Water cannon, blue dye, bricks, petrol bombs, sticks, tear gas. #HongKong, Sunday arvo pic.twitter.com/WFJPs08Vci
— Bill Birtles (@billbirtles) September 15, 2019
Avant que le centre-ville ne replonge en fin de journée dans le chaos, des manifestants s’étaient rassemblés aux abords du consulat de Grande-Bretagne pour demander à Londres d’en faire davantage pour protéger les habitants de son ancienne colonie. Des centaines de personnes ont chanté l’hymne britannique en brandissant l’ « Union Jack » ainsi que la bannière de l’ancienne colonie hongkongaise. « La Déclaration commune sino-britannique est NULLE », pouvait-on lire sur une pancarte.
Plusieurs manifestants demandaient la possibilité d’obtenir la nationalité britannique ou d’un autre pays du Commonwealth. Environ 130 parlementaires britanniques ont signé cette semaine une lettre ouverte appelant la Grande-Bretagne et les pays du Commonwealth à accueillir les Hongkongais qui souhaiteraient émigrer. La crise est née en juin du rejet d’un projet de loi hongkongais, désormais enterré, qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine continentale.
Pékin a plusieurs fois accusé cette mobilisation d’être en fait financée par des capitaux étrangers, en montrant du doigt la Grande-Bretagne et les États-Unis, mais sans étayer ses dires. La Grande-Bretagne est de son côté sur la corde raide. Elle a à cœur de préserver sa relation avec la puissance économique qu’est la Chine, en particulier dans le contexte très incertain du Brexit. Mais elle a également fait part de ses préoccupations quant à l’évolution récente de son ex-colonie, en expliquant avoir l’obligation de veiller au respect de la Déclaration sino-britannique.
LQ/AFP