Le tournoi international féminin de tennis de Hong Kong est à son tour devenu vendredi une victime collatérale de la crise politique, en ajoutant son nom à la liste de plus en plus longue des événements sportifs et culturels reportés ou annulés du fait des manifestations.
Les organisateurs de l’Open WTA de Hong Kong, qui était prévu début octobre, ont annoncé le report sine die du tournoi en invoquant très pudiquement « la situation actuelle » dans l’ex-colonie britannique. Hong Kong traverse sa pire crise politique depuis sa rétrocession à la Chine en 1997, avec des manifestations et actions quasi quotidiennes, qui ont parfois dégénéré en violents affrontements entre radicaux et force de l’ordre. « Après des discussions approfondies avec nos partenaires clés, nous avons conclu que le déroulement serein du tournoi serait mieux assuré à une date ultérieure », a indiqué dans un communiqué la fédération hongkongaise.
L’Open de Hong Kong, l’un des événements sportifs les plus prestigieux de la ville, attire chaque année de grands noms. Y ont notamment déjà participé Venus Williams, Angelique Kerber, Kristina Mladenovic ou Caroline Wozniacki, laquelle avait remporté l’édition 2016. Le tournoi se joue sur les terrains de Victoria Park, un grand parc qui a été le théâtre de nombreux rassemblements massifs.
La contestation est née en juin du rejet d’un projet de loi hongkongais qui visait à autoriser les extraditions vers la Chine. Le texte a été définitivement abandonné mais le mouvement a considérablement élargi ses revendications, pour demander notamment des réformes démocratiques et dénoncer le recul des libertés dans l’ex-colonie britannique et l’ingérence grandissante de Pékin dans les affaires intérieures de la région semi-autonome. Cette mobilisation a commencé à peser sur l’économie de la ville, déjà malmenée par la guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis, et miné la réputation de stabilité de Hong Kong.
Tourisme plombé
De plus en plus d’artistes annulent ou reportent des dates. Cela a été le cas du chanteur sud-coréen Kang Daniel, du boys band GOT7 ou du Sud-Africain Trevor Noah, l’un des humoristes et présentateurs les plus connus des États-Unis. Le Global wellness summit (GWS), rendez-vous des professionnels de l’économie du bien-être, s’est quant à lui replié sur Singapour. Jeudi, les producteurs de la comédie musicale Matilda, adaptée du roman pour enfants de Roald Dahl, ont annoncé, à une semaine des premières représentations, l’annulation d’un mois de dates. Le théâtre où devait se jouer le spectacle se trouve près du quartier général de la police dont les abords ont maintes fois été le lieu de heurts entre policiers et manifestants radicaux.
« Malheureusement, ces 14 semaines d’instabilité à Hong Kong ont plombé les ventes de billets et, ce qui est plus important, nous ne pouvons pas garantir la sécurité et le bien-être de notre troupe internationale, qui est composée d’un grand nombre de jeunes enfants », a déclaré James Cundall, directeur général de Lunchbox Theatrical Productions, qui produit le spectacle.
Ces annulations sont un cauchemar pour une ville dont le secteur touristique est déjà plombé par les manifestations. Hong Kong a enregistré en août une baisse de 40% du nombre de touristes dans la ville, par rapport à août 2018, a récemment révélé le secrétaire hongkongais aux Finances Paul Chan. Le taux d’occupation des hôtels a baissé de moitié, ce qui a des répercussions en cascade sur l’activité des commerces de détail et de la restauration.
La compagnie aérienne Cathay Pacific a fait état mercredi d’une baisse de 11,3% sur un an de son trafic passager en août, un mois marqué par des manifestations à l’aéroport qui se sont traduites par des centaines d’annulations. Après trois mois de contestation quasi quotidienne, beaucoup de manifestants sont convaincus que viser Hong Kong au porte-feuille est le seul moyen de faire plier l’exécutif pro-Pékin. Et, en dépit de l’impact de plus en plus palpable de la contestation sur l’activité économique, le mouvement, qui n’a pas de leader identifié, conserve une forte capacité de mobilisation, même si celle-ci n’est pas aussi forte qu’en juin.
LQ/AFP