Le cadre légal pour les taxis va être revu et corrigé. La réforme de 2016 a bien permis de nettoyer le secteur et rendre la flotte plus verte. Les prix restent, eux, trop élevés.
Prix totalement libéralisés, distribution des licences par le seul ministère en charge des Transports, ciblage et élimination des taxis illégaux, fin du principe de la tête de file, introduction de la possibilité de héler un taxi en pleine rue ou encore volonté de rendre la flotte plus écologique. La réforme du secteur des taxis, entrée en vigueur le 1er septembre 2016, s’est voulue ambitieuse. Trois ans plus tard, le bilan tiré par le ministre de la Mobilité est globalement positif. «Le marché est devenu plus clair et plus transparent», se félicite François Bausch, contacté par Le Quotidien.
Les exploitants se justifient
La réduction des émissions de CO2 ou l’élargissement des droits pour les clients sont comptabilisés parmi les acquis de cette réforme. Par contre, l’ambition de voir baisser les prix ne s’est pas traduite par des effets positifs. «Il faut se poser la question ce qu’est aujourd’hui un prix élevé au Luxembourg. Au vu des conditions imposées par le ministère, notamment en termes d’émissions et de l’âge de la flotte, nos prix se justifient. Une baisse considérable des prix aurait pour conséquence un service non rentable», explique Olivier Gallé, président de la nouvelle Alliance luxembourgeoise des taxis, voitures de location et ambulances (Altva). Après un différend majeur au sein de la fédération des taxis (FPLTA), l’Altva affirme aujourd’hui réunir et représenter «une majorité» du secteur.
Si la libéralisation des tarifs n’a donc pas encore apporté les effets escomptés, ministre et acteurs du terrain saluent les autres mesures prises. «Ce n’était pas simple au début. Mais aujourd’hui, la loi est largement appréhendée par le secteur», indique Olivier Gallé. Il se félicite que le secteur ait fait l’objet d’un assainissement avec la mise à l’écart des taxis sans licence. François Bausch évoque de son côté que «la loi de 2016 a permis de définir un cadre uniforme qui permet à tous les acteurs de travailler proprement selon les règles fixées en 2016».
Nette baisse des émissions de CO2
Pour un ministre déi gréng, le plus grand succès réside toutefois dans l’avancée vers un secteur des taxis plus écologique. Les chiffres transmis par le ministère de la Mobilité sont clairs : les émissions de gaz à effet de serre de la flotte des taxis, agréés au Luxembourg, est passé depuis 2016 de 200 g CO2/km à 130 g CO2/km. «L’âge des véhicules a nettement baissé ce qui augmente aussi la qualité du service», note François Bausch. Mais comme indiqué plus haut, ces mesures imposées par la loi ont aussi leur coût pour le client.
À la mi-mars 2018, le service des taxis du ministère comptait 415 licences d’exploitation. Le nombre maximal est fixé à 550 licences ordinaires. Elles ne sont pas toutes attribuées à ce jour. S’y ajoutent par année 20 licences zéro émission, qui connaissent toujours un très grand succès. «Le secteur a accepté les normes écologiques introduites depuis 2016», conclut le ministre de la Mobilité.
David Marques
De 22,50 à 45 euros pour 10km : des tarifs toujours élevés
Un des objectifs majeurs de la réforme des taxis de 2016 était de faire baisser les prix des courses. Mais dès mars 2018, soit 18 mois après la réforme, les services du ministre François Bausch ont été obligés d’admettre que «les prix, malgré une diversification des tarifications appliquées n’ont pas vu naître une tendance vers la baisse et ce, malgré une croissance du PIB (NDLR : du secteur des taxis) de 18,9 % entre 2013 et 2017». Le tarif maximal par kilomètre, repéré en mars 2018, était de 3,70 euros.
En réponse à une question parlementaire de Fernand Kartheiser (ADR), les ministres François Bausch (Mobilité) et Pierre Gramegna (Finances) ont indiqué, le 23 mars dernier, que le secteur des taxis propose 20 tarifs différents, recensés depuis la réforme de 2016. Le prix indicatif pour une course de 10 km varie de jour entre 22,50 et 45 euros, prise en charge incluse. Des efforts pour continuer à diminuer les prix sont toujours discutés avec le secteur.
En attendant, une pétition pour contester les «prix élevés des taxis» est déposée à la Chambre. Sa validation devrait intervenir le 18 septembre.