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[BD] Avec Zep, le sexe redevient «Happy»


Dix ans après le premier volume de Happy sex, voici le tome 2 ! (Illustration : Zep).

Zep, le père de Titeuf, qui a depuis longtemps débordé le seul milieu de la BD jeunesse avec des albums tantôt profonds, tantôt carrément adultes, revient en librairie, la semaine prochaine, avec un second tome de Happy Sex, dix ans après le premier. Et c’est à nouveau aussi cru que drôle !

«Réservé aux adultes»! Le dossier de presse de Happy Sex est on ne peut plus clair là-dessus. L’album, lui, présente le même avertissement, mais cette fois-ci en quatrième de couverture. Le message est clair, sérieux presque, ce qui n’empêche pas, dans ce dernier cas, d’y ajouter une bonne vanne visuelle. Placée sur un fond rond, l’inscription laisse dépasser, par le bas, le sexe d’un personnage, de trois quarts face, qui ressemble étrangement à l’auteur. «Ça dépasse», lui dit une femme, nue, mais de trois quarts dos, en montrant son costume trois pièces. «Oups», répond simplement l’homme avec un air embarrassé.

L’ambiance est ainsi posée. Sur 60 pages, l’album va parler de sexe. Seulement et uniquement de sexe. Et malgré un style graphique tout sauf réaliste, avec des dessins on ne peut plus explicites. Mais on est loin ici du récit érotique ou pornographique – ce que l’auteur a aussi touché avec le très beau Esmera, dessiné par Vince. Ici le cul, la chose, la gaudriole, la galipette, la partie de jambes en l’air est utilisée avant tout dans un style totalement dédramatisé, désérotisé dans le but, non unique, mais principal, de faire rire le lecteur.

C’est cru, mais c’est bien vu

Et ça marche dès la page de garde. Puis régulièrement – pas toujours avouons-le – au rythme d’une saynète par planche : deux planches maximum. Mais en plus de l’humour, certes en dessous de la ceinture, sujet oblige, Zep parvient également quelque part à parler de notre époque, à travers notre sexualité.
Une sexualité plus assumée, moins honteuse que ce qu’elle a pu être par le passé. Il est question de plaisir, mais aussi de lassitude. De sexe décomplexé, d’expériences (parfois ratées) à plusieurs, de sexe de parents (ou de futurs parents), de sex-toys, de sexe sans amour, de sexe qui tache, de coups d’un soir, de sexe lesbien, de cougars, de viagra, de bondage… mais aussi de sexe «remboursé par la sécu» autrement dit, limité au triptyque : frottis, dépistage du cancer du sein, touché rectal ! Sans oublier le sexe 2.0 entre sites de rencontre, selfies olé-olé, Youporn et sexe connecté.
Zep offre là à ses lecteurs une bonne tranche de rigolade, mais aussi une occasion de réfléchir à sa propre sexualité… voire à celle des autres : ses parents, ses enfants, ses voisins. Bref, c’est cru, mais c’est bien vu! Direct et sans tabou, mais sans une once de vulgarité.

Pablo Chimienti

Happy Sex 2, de Zep. Delcourt. Disponible à partir du 18 septembre.