Après le jury du Renaudot lundi soir, les dix académiciens Goncourt ont dévoilé mardi leur première sélection des titres en lice pour le prix le plus convoité par les auteurs et les éditeurs, qui sera décerné le 4 novembre.
La principale surprise de ces premières sélections (les jurys du Médicis et du Femina feront connaître respectivement leur choix lundi et mercredi) est la présence sur la liste du Goncourt d’Amélie Nothomb. Douze ans après avoir été sélectionnée pour la première fois par les Goncourt (c’était en 2007 pour Ni d’Ève ni d’Adam), la populaire romancière se retrouve de nouveau parmi les « happy few » retenus par les jurés des prix littéraires.
Son 28e roman, Soif (Albin Michel), dans lequel la romancière belge se met dans la peau de Jésus juste avant sa crucifixion, a plus que séduit le président de l’académie Goncourt, Bernard Pivot. « Amélie Nothomb survivait. Elle publiait depuis pas mal d’années, fin août, un roman sympathique et inoffensif (…) Et voilà que, stupeur et tremblements, hygiène de l’écrivain, Amélie Nothomb publie un roman ambitieux, original, âpre, dur, philosophique où elle se met en danger (…) Le livre est si inattendu et si réussi qu’il sera l’un des événements littéraires de la rentrée », a écrit Bernard Pivot dans sa chronique du Journal du Dimanche. Le public est quant à lui déjà conquis. Selon le baromètre hebdomadaire Livres Hebdo/GfK, Soif est l’unique roman de la rentrée présent dans le Top 20 des meilleures ventes de livres (tous formats confondus).
Futurs succès publics
Trois écrivains ont la particularité de se retrouver à la fois dans la sélection du Renaudot et dans la sélection du Goncourt. Ce sont Santiago H. Amigorena pour Le ghetto intérieur (P.O.L), livre sublime et déchirant inspiré de la vie de son grand-père exilé en Argentine en 1929 et rongé par la culpabilité de n’avoir pas su convaincre les siens de quitter le ghetto de Varsovie quand il en était encore temps; Nathacha Appanah pour Le ciel par-dessus le toit (Gallimard), un récit lumineux et délicat sur la transmission et Jean-Luc Coatalem pour La part du fils (Stock), un autre récit à l’écriture ciselée sur un secret de famille.
Le Goncourt a également retenu deux livres déjà promis à un succès public : Les choses humaines (Gallimard) de Karine Tuil et Tous les hommes n’habitent pas le monde de la même façon (L’Olivier) de Jean-Paul Dubois. Concernant les primo-romanciers, le jury du Renaudot en a retenu trois : Victor Jestin (La chaleur, Flammarion), l’acteur et metteur scène de théâtre franco-britannique Alexis Michalik (Loin, Albin Michel) et Victoria Mas qui vient de recevoir coup sur coup le prix Stanislas et le prix Première plume pour Le bal des folles (Albin Michel).
Les jurés du Goncourt ont pour leur part retenu deux primo-romanciers : Abel Quentin (Soeur, L’Observatoire) et Anne Pauly tout juste récompensée par le prix « Envoyé par La Poste » pour son bouleversant Avant que j’oublie (Verdier).
La première sélection du Goncourt lance aussi le Goncourt des lycéens, un des prix générant le plus de ventes (440 000 exemplaires en moyenne). Les jeunes jurés choisissent en effet leur lauréat parmi les auteurs retenus par les académiciens Goncourt, à l’exception de Léonora Miano (Rouge impératrice, Grasset) qui a déjà obtenu cette récompense en 2006.
L’an dernier, c’est le Lorrain Nicolas Mathieu qui avait reçu le Goncourt pour Leurs enfants après eux (Actes Sud), un roman de l’adolescence en même temps qu’une chronique sociale sur la désindustrialisation en Moselle.
LQ/AFP