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Les jardiniers de Ligue 1, ces inconnus au chevet de l’or vert


Un championnat existe même depuis 2013 et certains jardiniers, supporters et entraîneurs surveillent avec attention ce classement. (illustration AFP)

A l’ombre du palmarès officiel du championnat de football de Ligue 1 se cache celui des meilleures pelouses qui vise à récompenser les jardiniers chargés du précieux gazon, une spécialité aussi rare que prisée des clubs.

« L’année prochaine on va battre le PSG ! », lance Sylvain Pruvost, jardinier du stade de la Licorne ou évolue l’Amiens SC, arrivé troisième sur le podium des meilleures pelouses de L1 la saison dernière. L’ancien jardinier du golf d’Arras compte bien détrôner le célèbre jardinier du PSG Jonathan Calderwood, sacré trois fois en quatre ans roi de la pelouse par la Ligue de football professionnel (LFP).

La LFP a créé ce championnat en 2013 et depuis, certains jardiniers, supporters et entraîneurs surveillent avec attention ce classement. Le but de cette compétition est clair : « l’amélioration de la qualité des pelouses en Ligue 1 », assure Raymond Chapelon, président de la Commission surfaces de jeu de la LFP.

« Le terrain, c’est la première chose qu’on regarde », selon Manu Bessong, jardinier de l’En Avant Guingamp, vainqueur du championnat des pelouses pour la saison 2017/2018. Le club est arrivé deuxième du classement la saison dernière, juste derrière le PSG… « Ce n’est pas de ma faute si le club est redescendu en Ligue 2 », confie-t-il. Ancien footballeur professionnel, il est salarié de la société Sparfel, un des leaders sur le marché de l’entretien d’espaces verts sportifs, et bichonne depuis cinq ans le terrain hybride du « plus petit des grands clubs ». Revenu en 2013 en Ligue 1, l’EAG investit en 2015 1,3 million d’euros pour équiper son stade principal d’un gazon hybride, mélange de pelouse naturelle et fibre synthétique. Depuis, tous les jours, Manu Bessong parcourt de long en large les 105 mètres par 68 que fait le stade du Roudourou pour en vérifier l’état, soit « plus de 20 km par jour ! ».

Soigner les « bobos » causés par les crampons

En plus de la tonte dont la hauteur et la souplesse sont discutées avec les joueurs, et du traçage des lignes blanches qui s’effacent entre chaque match, le jardinier est devenu un expert des maladies fongiques du gazon. Une obsession désormais. Les jours de match il asperge le couloir d’entrée des joueurs avec du désinfectant pour éviter toute contamination du terrain. Puis avant le coup d’envoi, il effectue un dernier tour avec son râteau, et met en route les jets automatiques pour que « le ballon glisse ».

Après le match il retourne sur le terrain pour ramasser les « chiquettes » (morceaux de pelouse arrachés, NDLR) et commencer à soigner le gazon blessé par les crampons des joueurs. Dans cette industrie qui pèse aujourd’hui plusieurs millions d’euros, l’employeur de Manu Bessong, Sparfel, compte dans ses rangs plus de 30 jardiniers sur les terrains de Ligue 1, dont ceux de Saint-Étienne et du centre d’entraînement de Clairefontaine.

Son créateur, Jean-Claude Sparfel, s’est spécialisé dans le gazon dès les années 70, « quand les terrains de football étaient dans un mauvais état ». Il va déposer des brevets dont celui du « photosynthétiseur », petite révolution dans l’entretien des pelouses. « De jour comme de nuit » cette énorme machine roulante « permet de recréer la photosynthèse » nécessaire à la pousse de l’or vert, précise le septuagénaire. Face à des compétences de plus en plus spécifiques nécessaires pour entretenir les précieuses pelouses, beaucoup de clubs ont opté pour des sous-traitants comme Sparfel mais aussi ID Verde et Sportingsols.

« Les jardiniers spécialisés, ça ne court pas les rues et on ne peut pas mettre un novice sur une pelouse de L1 », confirme Armel Bever, directeur de l’agence ID Verde qui entretient la pelouse d’Amiens. « En France, il existe une formation de greenkeeper de golf, mais pas pour les autres terrains de sport », déplore-t-il. Si la création d’une filière spécialisée n’est pas à l’ordre du jour, selon la LFP, la signature en 2018 d’une convention avec la fédération française de golf a d’ores et déjà permis d’offrir des formations adaptées aux jardiniers de Ligue 1.

LQ/AFP