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La théorie du chaos

Le Premier ministre Boris Johnson a frappé fort. Il a fait suspendre le Parlement jusqu’au 14 octobre… soit quelques jours avant le Brexit prévu, rappelons-le, le 31 octobre. Mercredi, c’est un véritable coup de tonnerre qui a ébranlé le ciel londonien. L’objectif du locataire du 10 Downing Street est simple : il s’agit de museler les parlementaires le plus possible pour que la porte à un Brexit dur, un Brexit sans accord, reste ouverte.

En effet, le patron du Parti travailliste, Jeremy Corbyn, travaillait depuis plusieurs jours avec d’autres partis pour bloquer une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne sans accord. Une véritable petite conspiration pour certains titres de la presse anglaise. Voyant le danger arriver, Boris Johnson a donc décidé d’utiliser ce moyen légal pour couper l’herbe sous le pied des anti-«no deal». À Westminster, mercredi, c’est la colère qui l’emportait. Le traditionnel flegme britannique en a pris un sacré coup.

La menace d’un Brexit sans accord affole. En mars dernier, au plus fort de la crise et des négociations avec Bruxelles, une information avait fait sourire dans les travées de la Commission : le ministère de la Défense britannique préparait dans un bunker une structure afin de «gérer» un Brexit sans accord. Personne n’avait cru à cette nouvelle qui fleurait bon la fake news venant d’un quelconque réseau social. Et pourtant! Le ministère de la Défense britannique avait rapidement confirmé ces informations. Le bunker se trouve actuellement sous le ministère de la Défense, en plein cœur de Londres. Ce centre opérationnel doit préparer la coordination de l’aide militaire pour transporter de la nourriture, du carburant et autres marchandises en cas de difficultés à la frontière après le Brexit. Près de 3 500 soldats pourraient être mobilisés pour ces éventualités. Inquiétant.

Cet été, il semble bien que ceux affectés dans ce bâtiment souterrain n’aient pas pris de vacances devant l’obstination de Boris Johnson à utiliser tous les leviers pour faire sortir son pays de l’Union européenne quel qu’en soit le coût. Plus la date du 31 octobre se rapproche, plus le risque de chaos semble grandir.

Laurent Duraisin