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Logistique : «L’intelligence artificielle va prendre le relais»


La logistique ne se limite plus à l'acheminement d'un paquet d'un point A vers un point B. Avec la digitalisation de l'économie, de nouveaux services de gestion à distance sont mis en place. Malik Zeniti se dit prêt à passer ce cap. (photo Didier Sylvestre)

Dix ans après sa création, le Cluster for Logistics est devenu un acteur majeur de l’économie nationale. Malik Zeniti évoque un secteur en pleine mutation.

Le Cluster for Logistics a été lancé en 2009 dans un contexte économique très précaire. Dix ans plus tard, peut-on affirmer que les responsables politiques et économiques ont réussi à faire le bon choix, malgré la crise qui couvait ?

Des banques systémiques étaient en train de vaciller. Les responsables politiques, avec en tête le ministre de l’Économie Jeannot Krecké, se préoccupaient fortement de l’avenir des grandes entreprises installées au Luxembourg. Il fallait définir quel pouvait être l’apport du gouvernement pour pérenniser leurs activités. Quel secteur avait quel potentiel ? Le choix est finalement tombé sur la « supply chain » (NDLR : chaîne logistique). Comment souvent, le positionnement stratégique du Luxembourg, en plein cœur de l’Europe, a été un facteur clé pour attirer les investisseurs.

Quels sont les clients potentiels si l’on veut continuer à développer le secteur au Luxembourg ?

Les grands ports fluviaux d’Anvers, de Rotterdam ou de Hambourg sont de plus en plus pris d’assaut. Pour les soulager, la solution ferroviaire pour délocaliser certaines activités vers des hubs logistiques dans l’arrière-pays est très prisée. Le ministre de tutelle François Bausch s’est fortement investi pour préparer au mieux le terrain.

Avec cette forte évolution, vous ne risquez pas d’être confrontés à terme à une pénurie de terrains ?

On se trouve actuellement dans une phase de transformation digitale. L’industrie se dirige vers l’ère 4.0. Avec le commerce, elle compte parmi nos plus importants clients. Tous les deux misent sur le Grand-Duché pour développer des services qui ne nécessitent plus de présence physique d’un objet sur le sol luxembourgeois. Par le passé, c’est l’argent qui a transité par le Luxembourg. À l’avenir, ce seront des produits virtuels. Le secteur va continuer à créer des emplois sur le plan administratif au lieu de recruter des chauffeurs de camion ou de chariot élévateur. L’intelligence artificielle et la gestion des données vont prendre le relais afin de planifier au mieux les chaînes de transport.

Malgré ces perspectives positives, l’économie mondiale se voit actuellement confrontée à de nombreuses incertitudes. Comment évaluez-vous la situation ?

J’enregistre les premiers signes d’un ralentissement de la croissance économique. Le bras de fer commercial entre les États-Unis et la Chine impacte en premier le fret aérien. Depuis plusieurs mois, le secteur est en souffrance. Avec un fort ralentissement de l’économie, une récession n’est jamais très loin.

Mais ce genre de situation est à la fois un danger et une chance pour la logistique. En période de forte croissance, les acteurs n’ont pas forcément le temps d’optimiser leurs chaînes de production, de gestion et de distribution. Un ralentissement les oblige à opérer des changements et c’est à ce niveau que des logisticiens auront un travail de conseil à fournir.

Entretien avec David Marques

A lire en intégralité dans Le Quotidien papier du lundi 19 août