La saison d’hiver dans les Vosges a – enfin – commencé lundi après l’arrivée de la neige ce week-end.
Belle affluence lundi à Gérardmer pour les premières neiges des vacances d’hiver. (Photo : RL/Pascal Brocard)
D’abord, monter la côte entre le centre-ville et la Mauselaine. Pas une mince affaire lundi entre les embouteillages d’ouverture de la saison et la chaussée glissante, qui met voitures et camping-cars des Hollandais et Belges à rude épreuve. Même la navette qui assure la liaison entre le cœur commerçant de Gérardmer et la station a fini par renoncer, échouée à mi-pente. Les uns terminent à pied, skis sous le bras; les autres s’essaient au ski-stop. Les automobilistes prévoyants équipés de pneus «hiver» doivent encore se garer au pied du domaine. Le parking de 1 200 places déborde dès 10h du matin.
Récupérer son forfait et son équipement prend encore quelques minutes, dans un joyeux chahut de cris d’enfants, de parents débordés, des premières grappes d’élèves de l’École française de ski qui partent à la queue leu-leu dessiner de belles courbes dans la poudreuse. Armelle, à l’accueil, rigole de la pagaille : « C’est un peu la panique. Le moindre petit bug ce matin – et il y en a ! –et tout va mal. Mais c’est chaque année pareil. »
> Près de 5 000 skieurs en une seule journée
L’embouteillage, on le retrouve au pied des remonte-pentes. Walter, souriant colosse hollandais croisé sur le télésiège qui relie La Mauselaine à 860 mètres au Grand-Haut à 1 100 mètres, a fait le déplacement pour la seconde fois depuis la banlieue d’Amsterdam : « On était à la Bresse hier, mais ce n’est pas la même ambiance. Ici, on skie entre les sapins, c’est super-familial. Et puis, que dire de la neige aujourd’hui ? Une super poudreuse. Génial ! » Difficile de le contredire : deux jours, ce week-end, ont garni les 21 pistes de Gérardmer d’une couche épaisse et confortable. Les pistes vertes de la Souris puis de l’Écureuil sont vite avalées. Plaisir total malgré les -10 °C et la neige venteuse qui cingle le visage.
À 12h, les skieurs se restaurent au snack de la Chaume Francis, apprécié des connaisseurs. Menus roboratifs, tartiflettes et soupes qui fument. Il y a encore une fois la queue. Jean-Luc, débardeur forestier indépendant à Sainte-Marie-aux-Mines, et sa fille Mélanie, élève-ingénieur à l’École du bois et revenue de Nantes pour les vacances, ont prudemment réservé leur table. « Je n’avais qu’une hâte : skier dans les Vosges avant de repartir », souffle Mélanie, aux anges. Jean-Luc, 49 ans, connaît les stations du massif comme sa poche : « La neige arrive au bon moment. Il y a encore des congés. Vendredi à 1 000 mètres, il n’y avait rien. Ici, le paysage est incomparable. » La neige redouble après le déjeuner, mais qu’importe. Au bout du télésiège qui fend la forêt, la tête de Grouvelin (1 140 mètres) est battue par les vents dans une ambiance de jour blanc. Retour rapide par la piste rouge de l’Aigle et derniers kilomètres tout schuss vers La Mauselaine.
Philippe Voirin, le directeur de la station, est surbooké mais ravi. « On s’est fait peur. Il y a quelques jours, tout était vert. On sauve les vacances de Noël. La seconde semaine, ce sont les fondus de ski qui arrivent. Cela aurait été dur d’avoir une deuxième année cata de suite, après 2013/2014 ! » Il a mis toutes ses équipes sur le pont dès samedi pour préparer et tester les remontées mécaniques.
Dès lundi, 90 % du domaine était ouvert. Et il le fallait : lors du premier jour d’ouverture, entre 4 000 et 5 000 skieurs se sont pressés sur les 40 kilomètres de pistes de la station vosgienne.
Alain Morvan (Le Républicain Lorrain)