EUROPA LEAGUE (3e TOUR) Dudelange a fait une bonne partie du chemin en battant Nõmme Kalju avec deux buts d’écart jeudi soir (3-1). Si tout n’est pas encore fait, il a prouvé qu’il y a bien, comme on pouvait s’y attendre, une classe d’écart entre les deux équipes. Un petit but pourrait suffire à la Le Coq Arena, mardi soir, pour atteindre les barrages et lorgner, de nouveau, seulement un an plus tard, la phase de poules.
La deuxième période de ce 3e tour le plus facile sportivement de l’histoire du football luxembourgeois – Nõmme Kalju est vraiment tel que les dirigeants de Shkëndija, le club éliminé successivement par les Estoniens en Ligue des champions puis par les Dudelangeois en Europa League, l’ont décrit : médiocre et pas entreprenant – n’en finit pas. On se perd dans une parodie de football, un attaque-défense sans autre intérêt que l’ampleur du score. Ce qui, en Coupe d’Europe, il faut bien l’avouer, n’est pas anecdotique.
Et puis Stolz, énorme jeudi soir, s’est retrouvé avec un ballon dans les pieds à 20 mètres du but et a pris sa chance. Quasi-lucarne. Deux buts d’avance. Le retour s’annonce respirable.
L’année dernière le F91 se fadait le Legia Varsovie
Quand on pense que l’année dernière, à pareille époque, le F91 se fadait le Legia Varsovie devant 10000 spectateurs, s’offrait un exploit retentissant dont tout le pays parle encore et que douze mois plus tard, il gagne tranquillement contre un adversaire un poil pathétique alors que lui se présente avec un groupe totalement remanié pour s’offrir un match qu’il a dominé de la tête et des épaules et dont il ne tirera aucune gloire…
Le Dudelange de cette saison n’est pourtant pas né à proprement parler en 1991. Il faudrait le rebaptiser F19 : il n’est vieux que d’un mois et demi à peine, présente tous les attributs de l’équipe à qui il manque ce petit supplément de vice et d’expérience qui fait des différences européennes fondamentales, de celles qui qualifient les équipes pour le tour suivant.
Espérons pour cette génération que jamais elle ne regrettera les deux gigantesques occasions de but qui ont suivi le 2-0, que se sont pourtant procuré des joueurs qui savent ce que le haut niveau réclame comme degré d’exigence et d’intransigeance (Sinani et Stolz).
Les Estoniens marquent sur sa première frappe cadrée
Parce que derrière, Nõmme Kalju a inscrit le fameux petit but à l’extérieur. Il ne le méritait pas, il l’a pourtant inscrit et si ce n’est pas encore fini définitivement, si le F91 n’a pas déjà un pied et demi en barrages, c’est à cause de ce rapport encore aléatoire au cynisme.
Nõmme Kalju l’a, un peu. Lui qui a éliminé Shkëndija de manière illogique il y a trois semaines (dixit les Macédoniens), a marqué jeudi sur sa première frappe cadrée de la double confrontation et sans vraiment parvenir à se procurer la moindre occasion de but digne de ce nom sur la pelouse du stade Josy-Barthel.
Les statistiques, c’est infâme. On leur fait parfois dire ce qu’on veut mais quand elles racontent l’évidence et qu’on ne s’y retrouve pas, c’est terrifiant. À l’heure de jeu, Nõmme Kalju a frappé six fois au but, le F91 quinze (dont dix tirs cadrés), la possession de balle commence à prendre des proportions du type 70-30 et il n’y a finalement qu’un minuscule but de différence. Shkëndija comprendrait parfaitement ce qu’on veut dire…
Mais au tableau final, c’est carrément 21 frappes qu’ont expédiées les hommes d’Emilio Ferrera sur le but de Londak et, comme l’a si bien souligné le président Schumacher, on aurait plus dû être dans du 4-0 que sur du 3-1. Au-delà de ce regret, le F91 a peut-être commencé à voir se dessiner l’équipe type d’Europa League, celle qui vivra (si tout va bien) encore trois semaines en marge de la Division nationale puisque le staff technique a scindé son immense groupe en deux.
Toutefois, contempler la médiocrité des oppositions que l’on peut encore croiser à ce stade de la compétition commence à laisser songeur. Le Luxembourg était persuadé, en décembre 2018, qu’il ne reverrait plus une phase de poules avant très longtemps. Il se trompe peut-être sur toute la ligne, ne mesure pas à quel point les autres stagnent pendant que lui progresse, même quand il a tout à rebâtir, comme c’est le cas du F91 actuellement. Ce dernier est presque en barrages. Et s’apercevoir qu’il dispose encore d’une telle marge de manœuvre est franchement réjouissant…
Julien Mollereau
La fiche technique
Stade Josy-Barthel. Belle pelouse. Arbitrage de M. Verissimo (Por).
1 239 spectateurs payants.
Évolution du score : 1-0 Stolz (28e), 2-0 Stolz (30e), 2-1 Puri (41e),
3-1 Stolz (75e).
Cartons jaunes : Delgado (20e) au F91. Avilov (68e), Klein (72e) à Nõmme Kalju.
Carton rouge : Kirss (89e) à Nõmme Kalju.
F91 : Kips – Bouchouari, Schnell, Delgado, Kirch (90e Lesquoy) – Morren, Pokar – Stolz (86e Natami), Bernier, Klapp – Sinani.
NÕMME KALJU : Londak – Markovych, Avilov, Uggé, Kulinits – Paur (60e Mata), Tjapkin, Mbu-Alidor, Puri – Klein (86e Khomutov), Subbotin (73e Kirss).