De plus en plus de citoyens du Pays-Haut Val d’Alzette ne « supportent plus cette hypocrisie qui consiste à lancer des projets d’écoquartiers qui, en réalité, détruisent la nature et les terres agricoles ».
Certains élus, comme le Villeruptien Albert César Tullii, n’hésitent pas à le pointer du doigt en réunion de conseil municipal ou de communauté de communes, comme ce fut le cas dernièrement. « Vous enlevez à la population de l’air, de l’eau, des prairies fertiles, des champs qui nous nourrissent, pour bétonner et construire vos maisons et autres logements. Jusqu’à quand ? »
Dans la ligne de mire de celles et ceux « qui pensent à l’environnement qu’on va laisser à nos enfants et à l’avenir de notre planète, qui est en très grande souffrance », la communauté de communes du Pays-Haut Val d’Alzette, les communes qui la composent, et l’établissement public d’aménagement (EPA) Alzette-Belval, coupables, selon eux, de « vouloir frénétiquement implanter des écoquartiers en pleine nature. Et tout ça alors que la Lorraine tient un record de disparition de terres agricoles ou encore de forêts. Dire que ton projet est ‘éco’, c’est vendeur et tendance. Sauf que derrière, il y a une destruction de l’environnement qui est programmée, avec expropriations d’habitants si ces derniers s’y opposent », poursuit Albert César Tullii.
À Villerupt-Cantebonne, 650 logements pourraient « avaler » 16 hectares, dont de nombreux jardins cultivés et « des terres agricoles pour la ZAC ». À Rédange, 104 logements du lotissement Le Coteau feront disparaître 3 hectares de « prairie au bord d’un petit ruisseau ». À Boulange, au niveau du quartier de la Mine, ce sont 350 logements qui feraient disparaître une prairie, etc.
Artificialisation des sols
« La définition d’écoquartier n’est pas du tout la même en Allemagne, où l’environnement est vraiment respecté. Là, on te promet l’utilisation de matériaux écolos, avec deux ou trois panneaux solaires, et ça suffit à faire oublier le massacre de la nature au début de chacun de ces projets. C’est pas comme s’il n’y avait pas de réchauffement climatique, de canicule, d’alertes répétées… » Albert César Tullii est remonté.
Avec ses amis de l’association Villerupt Eau secours, il a ainsi remis au préfet de Meurthe-et-Moselle fin juillet un rapport sur la réalisation de la ZAC de Cantebonne, sous forme de participation à la consultation publique. Dans le document, le collectif n’a pas la langue dans sa poche. « De nombreuses publications et sonnettes d’alarme, déjà depuis plusieurs années, alertent sur l’artificialisation des sols, qui se produit principalement au détriment des terres agricoles (en recul de -0,2% sur six ans dans le Grand Est). Ainsi, 86% des nouvelles terres artificialisées concernent des terres agricoles. Facteur de déséquilibre entre les différents espaces (agricoles, urbains, naturels), source d’aggravation des disparités territoriales, elle constitue une menace pour la biodiversité, la ressource en eau, les paysages et le potentiel agricole de la région. »
Sébastien Bonetti (Le Républicain Lorrain)