Le Festival de la bière servira jusqu’à samedi à Londres plus d’un millier de mousses, cidres et autres poirés. Une fête à laquelle le Brexit, programmé dans moins de trois mois, donne toutefois un goût amer.
Le « Great British Beer Festival », qui s’est ouvert mardi, est organisée par la Camra (Campagne pour la bière authentique), une organisation de consommateurs forte de 190 000 membres qui milite pour la préservation de la culture brassicole britannique, et de ses pubs emblématiques. « Tout le secteur est préoccupé par les conséquences potentielles du départ de l’UE », affirme Tom Stainer, directeur général de l’organisation. « Le secteur brassicole dépend du houblon et du malt importés, ainsi que des exportations. La Camra exhorte le gouvernement à atténuer autant que possible tout impact potentiel », ajoute-t-il.
Les brasseurs craignent tout particulièrement un Brexit sans accord avec l’UE, une option que n’exclut pas le nouveau Premier ministre conservateur Boris Johnson, prêt à un divorce coûte que coûte le 31 octobre. Un « no deal » se traduirait notamment pas un retour des droits de douane et des barrières non tarifaires. En ces heures incertaines, réduire les taxes sur les bières servies dans les bars serait « un très bon moyen de soutenir les pubs », estime Tom Stainer. « Le gouvernement nous a toujours dit qu’on ne pouvait pas le faire à cause des règles qui régissent tous les États membres de l’UE ».
Déclin des pubs
Cet allégement fiscal, insiste Tom Stainer, pourrait aussi convaincre les consommateurs d’aller plus volontiers au pub, et avoir in fine un impact positif sur le lien social tout en contribuant à endiguer le déclin des pubs, dont 14 ferment chaque semaine au Royaume-Uni.
Soucieuse des 830 brasseries artisanales qu’elle représente, la Société britanniques des brasseurs indépendants a publié de son côté un guide pour passer un Brexit en douceur. On y se trouve moult recommandations sur les étiquettes des bouteilles qu’il faudra modifier en raison du Brexit, ou le recours à des professionnels de l’exportation pour faciliter la transition.
Comme beaucoup de brasseurs, Ross Hunter, basé à Dorking, dans le sud-ouest de Londres, trouve que l’incertitude ambiante rend toute planification difficile. « Nous ne savons pas encore trop quoi faire », dit-il. Seule consolation : « Comme nous n’exportons pas, nous serons moins touchés que les autres brasseurs. La plupart de notre bière est consommée dans un rayon de 24 kilomètres » autour de la brasserie.
LQ/AFP