Niederkorn a parfaitement maîtrisé son premier choc, lundi soir face à la Jeunesse. Il est le cador le mieux entré dans sa saison.
Quant Tom Laterza commence à faire du Tom Laterza, c’est qu’un match a atteint un degré de tension maximale. Le latéral droit du Progrès, qui nourrit un rapport toujours aussi particulier aux supporters de ce pays (alors ceux de la Jeunesse, pour cet ex-Folaman, on ne vous en parle pas), s’est retourné vers la partie de tribune réservée aux fans de la Vieille Dame pour la défier du regard. Quelques minutes plus tôt, Klica venait de lui arracher la cheville et ce guerrier était remonté sur la pelouse en attendant que Matias puisse le remplacer. C’est là qu’il a donné l’avant-dernière passe pour une remise en une touche de De Almeida vers Françoise, dont le tir direct accroche le petit filet opposé de Sommer (2-0, 54e). Adrien Ferino l’a arraché à sa rancœur pour aller fêter ça avec le reste du groupe. Après tout, pour le Progrès, c’était jour de fête.
On ne passe pas tous les jours quatre buts à la Jeunesse Esch. Le dernier à l’avoir fait, c’était… le Progrès, chez lui, début décembre 2018 (5-0). «Tiens d’ailleurs, je vais aller les engueuler de n’en avoir mis que quatre», a souri Fabio Marochi, au coup de sifflet final. Le président niederkornois a de quoi se réjouir : il n’y a pas eu duel puisque la Vieille Dame ne s’est jamais approchée du but de Flauss, à qui elle n’a expédié qu’une frappe cadrée en 90 minutes.
Il y a des matches qui pourtant racontent la progression de la Division nationale et celui-ci en fait incontestablement partie. En termes d’intensité, fut un temps, il fallait immanquablement que le F91 soit l’un des deux protagonistes de la rencontre pour en arriver à ce résultat plutôt très au-dessus de la moyenne d’un match «normal».
N’est-il pas là, le vrai favori ?
Alors oui, il y a quelques jours encore, le Progrès et la Jeunesse étaient encore en train de disputer l’Europa League et cela aide à mettre une telle intensité dans une rencontre de BGL Ligue, mais il suffit de suivre le discours des deux staffs pour comprendre que c’est à ce genre de volume de courses, de vitesse de jeu auxquels tous deux aspirent. Y parviendront-ils ? On en reparlera en décembre. En attendant, même sans la moindre réelle occasion de but en une demi-heure de jeu, cette partie a réussi à être emballante parce qu’elle nous a grandement sortis de notre routine.
La Jeunesse n’a pas pu apprendre en 96 heures à être totalement ambitieuse sur le plan du jeu. Par souci d’équilibre autant que pour la force de frappe offensive d’un Progrès que beaucoup imaginent en vrai favori de cette saison (mais cela ne se dit pas trop fort de peur d’avoir à passer pour un grand naïf), elle en est restée à son système en 5-4-1. Puisqu’il a bien fonctionné trois matches sur quatre contre le Tobol Kostanay et Guimarães, pourquoi pas ?
Cela n’a pas aidé à voir beaucoup plus l’avant-centre (le très isolé Klica) qu’au niveau continental mais cela a tenu toute la première période le Progrès dans les limites du raisonnable. Une perforation de Vogel, qui grille deux rideaux en un double contact, mais dont le petit ballon en retrait pour De Almeida est coupé (16e), aura constitué la seule réelle alerte quand un centre de De Almeida est parvenu par surprise à trouver le petit Mmaee au-dessus de Todorovic, avec un Sommer légèrement avancé (1-0, 29e).
Après ça, le Progrès a déroulé dans les très grandes largeurs. En mode rouleau-compresseur. Karayer crucifie Sommer d’une reprise directe après que le ballon a traversé toute la surface (3-0, 63e) et Mmaee profite encore d’un service millimétré de Matias pour donner au score des allures de déroute (4-0, 72e). Le message est passé : Niederkorn est très, très costaud.
Julien Mollereau