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Tueries aux USA : Trump condamne le suprémacisme blanc, reste flou sur les armes


Des manifestants contre le port d'arme, quelques heures après la tuerie de Dayton. (photo AFP)

Le président Donald Trump a condamné lundi l’idéologie raciste du suprémacisme blanc, suspectée d’être à l’œuvre dans l’une des deux fusillades ayant endeuillé les États-Unis ce week-end ayant causé la mort de 29 personnes, tout en évitant de mettre l’accent sur la lutte contre les armes à feu.

Le président américain a par ailleurs accusé lundi les médias de « grandement » contribuer, en propageant des « fake news », à « la colère et la rage » aux États-Unis.

« Les médias ont une grande responsabilité quant aux vies et à la sécurité dans notre pays. Les fake news ont grandement contribué à la colère et la rage qui se sont développées durant de nombreuses années », a-t-il écrit sur Twitter. « La couverture des informations doit commencer à être équitable, nuancée et non partisane, sinon ces terribles problèmes ne feront que s’aggraver ! », s’est-il exclamé.

Dans une intervention depuis la Maison Blanche, il a insisté sur le rôle néfaste que jouerait selon lui internet dans la radicalisation de personnes souffrant de troubles mentaux. Il a par ailleurs qualifié de « crimes contre l’humanité » les deux attaques qui ont alimenté la litanie des tragédies dues aux armes individuelles dans un pays où celles-ci pullulent. « Notre nation doit condamner d’une seule voix le racisme, le sectarisme, et le suprémacisme blanc », a déclaré Donald Trump dans une courte allocution télédiffusée.

Il a en outre appelé à l’exécution « rapide » des auteurs de ces fusillades. « J’ordonne également au ministère de la Justice de proposer une loi garantissant que ceux qui commettent des crimes motivés par la haine et des tueries de masse soient passibles de la peine de mort et que cette peine capitale soit appliquée rapidement, avec détermination et sans des années de délai inutile », a-t-il déclaré. « Nous devons arrêter l’idéalisation de la violence dans notre société », a-t-il insisté, estimant qu’il était « trop facile aujourd’hui pour les jeunes en difficulté de s’entourer d’une culture célébrant la violence », notamment à travers des jeux vidéo selon lui « atroces et sinistres ». L’influence que joueraient les maladies mentales ou bien les jeux vidéos dans le déclenchement de carnages par armes à feu est mise en doute par de nombreux experts.

Samedi matin à El Paso, ville texane à majorité hispanique à la frontière mexicaine, un homme blanc de 21 ans équipé d’un fusil d’assaut a ouvert le feu dans un centre commercial bondé, faisant 20 morts et 26 blessés, avant de se rendre. La police examine la piste du racisme, le tireur étant suspecté d’épouser des thèses extrémistes. Treize heures plus tard, à Dayton (Ohio, nord-est), un homme blanc de 24 ans a abattu neuf personnes dont sa propre sœur et fait 27 blessés, avant d’être tué par des policiers. Dans plusieurs tweets, Donald Trump a appelé à une meilleure vérification des antécédents des personnes souhaitant acheter des armes à feu, mais également à coupler cette mesure à « une réforme migratoire urgemment nécessaire ». « Les républicains et les démocrates doivent se rassembler », a-t-il demandé. « Quelque chose de bon, sinon de GRAND, doit résulter de ces deux événements tragiques ».

« Arrêtez votre rhétorique raciste »

Après ces deux carnages, plusieurs élus démocrates ont rappelé que la Chambre des représentants avait adopté il y a plusieurs mois un projet de loi allant dans le sens d’une meilleure régulation des ventes d’armes à feu.

La chambre basse, à majorité démocrate, a adopté un texte « il y a plus de 5 mois pour exiger des vérifications basiques d’antécédents sur les ventes d’armes », avait rappelé dimanche l’une des candidates à la primaire démocrate pour la présidentielle de 2020, Elizabeth Warren. « Combien de personnes doivent encore mourir avant que le leader de la majorité (républicaine) du Sénat Mitch McConnell mette de côté les intérêts de la NRA et programme un vote sur ce projet de loi ? », a-t-elle demandé, en faisant référence au premier lobby des armes américain.

L’opposition à Donald Trump a également vivement critiqué le président pour sa rhétorique anti-immigrants, accusée d’alimenter la montée de l’intolérance dans le pays. « M. le président, arrêtez votre rhétorique raciste, haineuse et anti-immigrés », a tweeté Bernie Sanders, l’un des favoris de la primaire démocrate. « Votre langage crée un climat qui encourage les extrémistes violents », a-t-il ajouté. Donald Trump « encourage non seulement la rhétorique raciste mais aussi la violence qui suit », a renchéri un autre candidat, Beto O’Rourke, originaire d’El Paso.

La tuerie d’El Paso, dans un hypermarché Walmart, est traitée comme un cas de « terrorisme intérieur », et son auteur, identifié comme Patrick Crusius, a été inculpé dimanche et encourt la peine de mort. Il est soupçonné d’avoir rédigé, avant de passer à l’acte, un manifeste anti-hispanique qui loue également la tuerie ayant fait en mars 51 morts dans deux mosquées à Christchurch en Nouvelle-Zélande. Sept des vingt personnes tuées sont des Mexicains, a précisé dimanche le chef de la diplomatie mexicaine Marcelo Ebrard, qui compte se rendre lundi à El Paso.

Dans l’Ohio, un homme équipé d’un fusil à cadence rapide et d’un gilet pare-balles, a fait neuf morts et 27 blessés dans un quartier animé de la ville. Le bilan aurait pu être encore plus dramatique. Des policiers qui patrouillaient tout près de là ont abattu Connor Betts trente secondes après ses premiers tirs. « S’ils n’avaient pas été là (…) nous aurions pu avoir des centaines de morts et de blessés », a déclaré Nan Whaley, la maire de la ville. Parmi les victimes figurent six Noirs et trois Blancs âgés de 22 à 57 ans. La sœur du tireur est l’une des premières victimes à être tombée sous ses balles, a précisé la police. Il était arrivé sur les lieux dans le même véhicule qu’elle, avec une autre connaissance qui a été interrogée par les enquêteurs. Ses mobiles ne sont pour l’instant pas connus.

LQ/AFP