Le gouvernement islamo-conservateur turc a accusé les forces kurdes qui combattent les jihadistes du groupe Etat islamique (EI) dans le nord de la Syrie de pratiquer le « nettoyage ethnique » contre les populations non kurdes.
« Les populations des endroits bombardés ont fait l’objet d’un nettoyage ethnique par le PYD (Parti de l’union démocratique, principal parti kurde de Syrie) et les YPG (Unités de protection du peuple, la milice du PYD) autant que par Daech (acronyme arabe de l’EI) », a affirmé son porte-parole, Bülent Arinç, tard lundi soir.
« Nous observons sur le terrain une tentative en cours (de la part des Kurdes) de pousser à l’exil (les populations arabes et turkmènes), de nettoyer (le nord de la Syrie) en les remplaçant par d’autres éléments et de réunir plusieurs cantons ensemble », a-t-il poursuivi. M. Arinç a précisé qu’Ankara redoutait que les Kurdes de Syrie ne tentent de constituer un territoire autonome sur le sol syrien, le long de la frontière turque, en unifiant les trois cantons existants de Kobané, Jazira et Afrin. Identifiée par les Kurdes sous le nom de Rojava, cette entité n’a jamais été reconnue par le régime de Damas.
Les Kurdes ont repris Tall Abyad aux jihadistes
Les forces kurdes, qui ont repris fin janvier à l’EI la ville symbole de Kobané, dans la province d’Alep, rognent depuis trois mois les territoires de l’EI dans celle voisine de Raqa, qui fut un moment donné complètement sous son contrôle.
Après plusieurs jours de combats, elles ont pris ce mardi le contrôle total de la ville de Tall Abyad, jusque-là tenue par les jihadistes. Ces affrontements ont provoqué l’entrée de près de 20 000 nouveaux réfugiés syriens sur le territoire turc voisin.
Cette avancée a suscité les critiques du président turc Recep Tayyip Erdogan, qui s’est inquiété dimanche de « la création d’une structure qui menace (nos) frontières ». Les YPG entretiennent des relations avec le Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), qui mène depuis 1984 une insurrection armée en Turquie et est considéré par les autorités d’Ankara comme un groupe « terroriste ».
Le Quotidien / AFP