Le F91 est toujours là, debout. Il a éliminé Shkëndija dans la douleur mardi soir pour se qualifier pour le 3e tour de l’Europa League et a arraché le droit de rêver tout haut à un barrage pour accéder à la phase de poules.
Dans un stade Josy-Barthel forcément plus creux que lors du passage du Milan AC, de l’Olympiakos et du Betis Séville, Dudelange avait rendez-vous, mardi en fin d’après-midi (17h55), avec Shkëndija pour s’offrir les moyens de rêver aux barrages, dernière étape avant un éventuel retour en phase de poules.
Quelques mois après sa formidable campagne, le champion du Luxembourg hume de nouveau l’atmosphère des rencontres d’Europa League dans le stade national et tous les souvenirs qui l’accompagnent. Forcément, cela lui donne des petites démangeaisons. Surtout que vainqueurs à l’aller (1-2) de ce 2e tour préliminaire, les hommes d’Emilio Ferrera ont l’occasion d’écrire une nouvelle page de l’histoire du club, tout en préparant l’avenir.
Pour cet acte II, le groupe dudelangeois est différent de celui qui s’est rendu à Skopje il y a une semaine. Le technicien belge du F91 a abandonné le 4-4-2 du match aller pour un 3-4-3 avec sur le front de l’attaque la triplette Bettaieb-Sinani-Bernier. Exit Bougrine et Bertino. Des choix judicieux puisque au bout des 90 minutes de jeu, ce sont une nouvelle fois des scènes de liesse populaire, de joie collective que l’on a vues sur le terrain. Dominik Stolz et ses coéquipiers peuvent avoir l’agréable sensation du devoir accompli.
Mais Sinani devrait partir
Les locaux ont pourtant eu du boulot face à des Macédoniens animés des meilleures intentions à l’image de leur duo Besart et Agim Ibraimi. Les deux joueurs ont rapidement montré les crocs pour plonger à plusieurs reprises la défense du F91 dans l’embarras. Il aura même fallu un brin de réussite (comme à l’aller) au champion national pour s’en tirer à bon compte.
Mais côté macédonien (comme à l’aller, encore), il a manqué à chaque fois l’essentiel pour passer des intentions à la concrétisation au tableau d’affichage.
Les hommes d’Emilio Ferreira doivent également une fière chandelle à leur gardien auteur de plusieurs arrêts de grande classe (tout bon pour Tim Kips de remettre les pendules à l’heure, du haut de ses 18 ans) comme sur ce missile de B. Ibraimi à la 52e minute qui prenait tout droit le chemin de la lucarne.
Toutefois, passé ces temps forts, les Dudelangeois ont su reprendre leurs esprits et auraient également très bien pu ouvrir le score à plusieurs reprises. Sans se découvrir (preuve que cette jeune équipe apprend vite et bien), ils ont même géré la fin de match en vieux briscards, sachant frapper au bon moment.
Le sursaut d’orgueil des visiteurs dans les arrêts de jeu masque finalement mal leur agacement de sortir dans de telles conditions : trois expulsions en fin de rencontre, voilà qui en dit long sur leur état d’esprit.
À noter toutefois que le F91 ira défier les Estoniens de Nomme Kalju potentiellement sans son international Danel Sinani. Mardi, en marge de la rencontre, les dirigeants dudelangeois ont semblé accréditer l’hypothèse d’un départ sans dire franchement qu’ils l’avaient acceptée. Il semblerait que l’attaquant ait un peu forcé la sortie vers la Jupiler Pro League. Une bonne nouvelle pour lui, sans doute, un souci pour poursuivre l’aventure européenne, certainement…
De notre correspondant Gilles Tarral (avec J. M.)/LQ
La fiche technique :
Stade Josy-Barthel. Pelouse en bon état. Arbitrage de M. Griffith (Pdg). 1 022 spectateurs payants.
Évolution du score : 1-0 Delgado (78e), 1-1 A. Ibraimi (90+1).
Cartons jaunes : Bettaieb (37e), Bouchouari (85e) au F91. Mici (66e), Musliu (79e), Osmani (entraîneur) (90+3) à Shkëndija.
Carton jaune/rouge : Musliu (85e) à Shkëndija.
Cartons rouges : Nafiu (90+4), B. Ibraimi (90+5) à Shkëndija.
F91 : Kips – Bouchouari, Schnell, Delgado – Morren, Pokar (90e Garos), Kirch, Stolz – Bettaieb (61e Pomponi), Sinani, Bernier (83e Natami).
SHKËNDIJA : Zahov – Murati (82e Cheshmedjiev), Bejtulai, Musliu, Mici – Husmani, Alimi – A. Ibraimi, Felipe (65e Nafiu), B. Ibraimi (76e Imeri) – Radeski.
Le film du match : deux poteaux à un pour le F91
10e Sur un corner parfaitement tiré au centre de la défense dudelangeoise, B. Ibraimi récupère le ballon et en pivot trouve la transversale.
14e Après un bon travail de B. Ibraimi côté gauche, le centre arrive dans les pieds d’A. Ibraimi qui manque d’un rien le cadre.
18e Quelle occasion pour les locaux! Stolz lancé côté gauche se présente seul devant Zahov qui remporte son duel avec le n° 10 dudelangeois.
22e Au milieu de deux défenseurs, Bernier frappe au but et oblige Zahov à se détendre pour éviter au ballon de finir sa course au fond.
35e Delgado est tout près de battre son gardien en dégageant un ballon chaud de la tête. Il faut un sauvetage sur sa ligne de Kips pour éviter l’ouverture du score.
42e Sur un contre rondement mené, A. Ibraimi se trouve en position idéale. Sa frappe effleure le poteau.
43e Shkëndija pousse avant la mi-temps. Il faut un sauvetage sur sa ligne de Delgado pour éviter le pire aux locaux.
47e Au retour des vestiaires, Bettaieb pense donner l’avantage au F91, mais sa tête s’écrase sur le poteau.
52e B. Ibraimi, intenable, oblige Kips à sortir le grand jeu sur une frappe sous la barre.
65e Le F91 bénéficie d’un coup franc à l’entrée de la surface. Pokar enroule et trouve la transversale.
78e Sur un corner tiré par Sinani, Delgado saute plus haut que tout le monde et ouvre le score. 1-0
90e+1 Des 30 mètres, A. Ibraimi ajuste Kips d’une frappe rasante et réduit le score. 1-1
Alors, que vaut donc le champion d’Estonie?
Le F91 a gagné le droit d’affronter l’équipe qui a éliminé… Shkëndiha lors du 1er tour de Ligue des champions. A priori, cela équilibre les chances. En vrai, tout le monde en Macédoine débine allègrement ces Estoniens qui n’ont pas voulu jouer au football il y a deux semaines. Un peu le genre du Valletta FC, le club maltais qui lui était parvenu à sortir Dudelange de la C1 avec un football minimaliste.
Nomme Kalju a tout de même pris la bagatelle de sept buts contre le champion d’Écosse, le Celtic Glasgow (5-0, 0-2). Que faire de cette information? Pas grand-chose. Si ce n’est que cela fait belle lurette qu’un club luxembourgeois n’a plus pris aussi cher dans un match de Coupe d’Europe. Et c’est peut-être une indication du niveau.