Le Quotidien Indépendant Luxembourgeois
Après le mariage pour tous, qui est passé comme une lettre à La Poste, le Premier ministre n’a pas tardé à en profiter lui-même. Le Luxembourg a prouvé, bien avant la claque du référendum, que l’ouverture d’esprit est bien une réalité.
Ce week-end, les résidents d’Irlande du Nord ont marché dans Belfast pour obtenir, eux aussi, le droit de se marier avec la personne de leur choix. Catholiques et protestants, Britanniques et Irlandais, ils ont prouvé qu’ils pouvaient soutenir une cause commune. Avec l’adoption du mariage pour tous dans le Sud, l’Irlande du Nord reste un bastion où les homosexuels n’ont pas voix au chapitre.
Au Luxembourg, on en est déjà à l’étape supérieure. Alors que la législation vient de se défaire des notions d’enfant naturel et légitime, issues d’un temps où les enfants étaient forcément issus d’un mariage, il est temps que les textes de loi rattrapent la réalité du terrain. La société de papa a évolué et les normes ont changé.
Enfin, pas tant que ça, puisque la famille type reste un papa, une maman et leurs enfants. Pourtant, ceux qui échappent à ce modèle sacré sont de plus en plus nombreux. Divorces, parents absents, mères célibataires, et maintenant couples de même sexe sont à même de (re)créer une famille. Celle qu’on a voulue et qu’on a choisi parfois. Il serait donc temps que, comme le préconise les pédagogues et psychologues, on parle de parents de naissance et de parents d’éducation.
Parce que pour faire des enfants, tout le monde connait la recette, c’est d’ailleurs sûrement la partie la plus agréable. Ensuite ça se complique. Alors, prendre plus en considération ceux qui suent sang et eau pour élever des enfants, qui ne sont peut-être pas biologiquement les leurs, serait une avancée de premier plan.
Si la famille était quelque chose d’imposé il n’y a encore pas si longtemps, aujourd’hui ces nouvelles familles ont peut-être désiré plus que les autres leurs enfants. La législation va bientôt trancher sur leur légitimité.
Audrey Somnard (asomnard@lequotidien.lu)